Les Reines du ring / Dans une programmation cinéma mêlant documentaire et fiction, rétrospectives et avant-premières, se dessine implicitement un attrait pour le sport au féminin qui a la particularité de s'établir sur plusieurs époques distinctes, à travers plusieurs disciplines et au détour de véritables raretés.
Le sport féminin n'a jamais été, loin s'en faut, négligé au sein des précédentes éditions du festival Sport, littérature et cinéma. On se souvient notamment du film de baseball de Penny Marshall avec Geena Davies et Madonna, Une équipe hors du commun, ou de la belle avant-première de Moi, Tonya de Craig Gillespie. Cette année, ce sont deux œuvres rares qui sont à l'honneur, prêtes à être redécouvertes sur grand écran. Avant d'aller plus loin, que les hommes trop susceptibles se rassurent, ils ne seront pas en reste à travers des projections comme Le Ciel peut attendre, mélodrame fantastique de et avec Warren Beatty, ou l'avant-première du thriller footballistique de Tristan Séguéla, Mercato avec Jamel Debbouze.
Service gagnant
Précurseur à plus d'un titre, Ida Lupino a mené de front une carrière de cinéaste en parallèle de celle d'actrice. Elle fut à la tête de projets inattendus de la part d'une femme au sein d'une industrie foncièrement machiste, qui l'était d'autant plus lorsqu'elle exerçait (de 1949 à 1966). Elle signa notamment l'excellent thriller claustrophobique Le Voyage de la peur en 1953. Deux ans plus tôt, elle s'attelait à une romance intitulée Jeu, set et match, centrée sur une jeune tenniswoman tiraillée entre ses histoires de cœur et ses ambitions sportives. Il sera intéressant de découvrir l'une des premières représentations du tennis au cinéma, qui plus est d'un point de vue féminin, alors que Julie se tait sort sur les écrans. À noter que dès 2018, Luca Guadagnino (Challengers) avait cité Lupino comme l'une de ses inspirations fondatrices concernant son rapport à l'image, son usage de la caméra et son regard sur ses personnages.
Dans les cordes
Comme Samuel Fuller ou Richard Fleischer, Robert Aldrich a bâti sa carrière au sein des studios hollywoodiens sans perdre en intégrité. Coutumier d'un cinéma viril (Les 12 salopards ou Plein la gueule, consacré au football américain, pour ne citer qu'eux), il s'est fort logiquement intéressé au catch, alors en plein boom. Plus étonnant en revanche est l'angle qu'il choisit pour aborder le sport, celui de deux femmes qui sillonnent les États-Unis en compagnie de leur manager (Peter "Colombo" Falk) afin de présenter leur spectacle sur les rings du pays. Dans la peau des California Girls (nom du duo de catcheuses), Vicki Frederich (vedette de musical à Broadway qui débutait ici au cinéma) et Laurene Landon ont suivi un entraînement intensif. Déterminées, elles assurent l'intégralité des séquences de combats sans doublure ni trucage, y compris lorsqu'elles affrontent de véritables championnes de la discipline. La projection dans une copie 35mm de Deux filles au tapis, quasiment invisible en France depuis sa sortie en 1981 est d'ores et déjà l'un des événements majeurs du festival.
Salué dans nos pages en septembre dernier, le solide Tatami de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv, clôturera le festival, en présence notamment de l'actrice-réalisatrice. Il n'est pas trop tard pour rattraper cette réussite dans les meilleures conditions.
Sport, littérature et cinéma - 12ᵉ édition
Du 29 janvier au 1er février 2025 à l'Institut Lumière (Lyon 8e) ; tarifs variables