Galerie d'art / Jérémie Masurel a fondé la galerie Slika il y a dix ans. Celle-ci devient aujourd'hui la galerie Masurel : un tournant dans un esprit de continuité pour la galerie.
Le Petit Bulletin : La galerie Slika fête ses dix ans, quel est votre bilan pour cette décennie ?
Jérémie Masurel : Le premier constat est que c'est passé très vite, je n'ai pas la sensation d'avoir ouvert il y a dix ans donc c'est plutôt positif et excitant, ce sont dix ans de ma vie dédiés à ce métier où je ne me suis pas ennuyé. Donc le bilan c'est qu'on a réussi à le faire ! Pour une galerie en province c'est significatif. On a grandi, on est passé d'un petit espace de 70 m² à cet espace de 250 m² dans une rue importante de Lyon. C'est le fruit d'une bataille quotidienne.
Slika était au départ spécialisée dans le street-art, puis a évolué vers d'autres disciplines contemporaines, comment définiriez-vous la couleur de la galerie aujourd'hui ?
JM : J'ai très vite switché mais dès le début j'ai eu envie de défendre des artistes vivants, que je pouvais côtoyer, et le tag et le graffiti étaient à ce moment-là quelque chose qui m'intéressait. J'ai commencé par là mais je me suis rendu compte que si je restais sur cette ligne directrice j'allais vite m'ennuyer, donc je me suis ouvert à d'autres possibilités. Ma porte d'entrée pour le choix d'un artiste, ce n'est pas de défendre tel ou tel sujet, c'est vraiment si j'aime son travail et si j'arrive à l'identifier parmi beaucoup d'autres. Je défends des artistes contemporains uniquement : une scène de jeunes artistes qu'on définit comme émergents ainsi que des artistes confirmés qui sont parfois peu connus sur la scène française. J'ai plaisir à grandir à leurs côtés. Comme par exemple dernièrement Maite et Manuel en septembre, deux Uruguayens qui vivent à Palma de Majorque, Momo qui habite aux États-Unis... Peu m'importe d'où ils viennent, donc on est international. J'adore travailler avec beaucoup de nationalités car ce sont des dialogues, des approches, des façons de travailler qui sont très différentes.
Quelle est la santé économique de la galerie ?
JM : Les galeristes restent des commerçants, et la conjoncture actuelle fait qu'en ce moment le commerce est difficile. Pour autant, fort de nos dix années d'expérience, on a un socle important et solide, à la fois de collectionneurs et d'artistes, qui nous permet de traverser la tempête. Donc économiquement ça va, même si on a connu des périodes plus fastes, on tient encore bien la route parce qu'on a ce socle, sur lequel je m'appuie tous les jours et duquel je suis extrêmement redevable.
Pourquoi changer de nom aujourd'hui et pourquoi « Masurel » ?
JM : Pendant dix ans je n'ai pas voulu utiliser mon nom car c'était celui de mon grand-père, un grand collectionneur d'art moderne, dont l'intégralité de la collection a fait l'objet d'une donation en 1983, et qui a donné lieu à l'ouverture du Musée d'Art Moderne de Lille. J'avais besoin de faire mes preuves, pas vis-à-vis des autres mais vis-à-vis de moi. J'avais besoin d'acquérir une légitimité. Maintenant j'ai 41 ans, dont 10 ans en tant que galeriste, et j'ai envie d'incarner tous ces projets, qui sont finalement extrêmement personnels, et de les associer à mon nom. Je n'avais pas envie de le faire tout de suite, mais maintenant je suis fier et heureux de dire qu'on va venir à la galerie Masurel. Et mon associé Félix Baezner, qui m'accompagne au quotidien en est aussi très content. Donc on a saisi l'opportunité des dix ans pour faire le switch de la galerie Slika à la galerie Masurel. En n'oubliant jamais Slika puisque ç'a été mon laboratoire.
Des festivités sont-elles prévues pour les 10 ans ? Quelles sont les expositions à venir ?
JM : On va fêter l'anniversaire lors du vernissage de l'exposition collective le 30 janvier prochain. Ensuite on aura Francesco Mendes Moreira qui vient en solo, puis un groupshow qui est en construction, et Dream Paper en juin, une redondance que j'aime inscrire en début d'été. C'est une exposition focus sur le papier, où j'invite des artistes du monde entier, et j'en ressors toujours quelques pépites. Puis en septembre on aura la sortie du livre Mermed de Jean Jullien, qu'on édite. C'est une odyssée, donc il va raconter la première étape qui est exposée ici, et la seconde étape qui est en train de se faire en ce moment à Osaka au Japon puisqu'il y est invité pour représenter les artistes français à l'exposition universelle.
Galerie Masurel
25 rue Auguste Comte, Lyon 2e
Echoes
Exposition collective avec 15 artistes emblématiques de la galerie
Du 30 janvier au 8 mars