Art contemporain / L'artiste lyonnais Clément Montolio expose des dessins et des peintures récentes à La Petite Galerie Besson. Des paysages souvent maritimes qui explorent notre manière de vibrer avec le monde.
On pourrait résumer l'œuvre de Clément Montolio (né en 1949) à ces quelques mots : des paysages dépouillés, des paysages qui s'évident (ou parfois se saturent) jusqu'à leur propre étrangeté. Ces paysages peuvent être des forêts, des plages, des cabanes esquissées sur des surfaces herbeuses, des montagnes, des vallées... Qu'importe le motif, c'est toujours un paysage qui interroge, qui se creuse lui-même pour ménager sur la toile un espace pour nos propres interrogations de spectateur. L'artiste résume lui-même ses peintures et ses dessins exposés à La Petite Galerie Besson : « Les toiles et les papiers sont pour l'essentiel de 2023, 2024. Les œuvres s'inscrivent dans un large mouvement de dépouillement des formes. La thématique de l'étendue marine ou lacustre permet l'évocation de ce qui naît du vide apparent. Le songe ou l'imagination viennent peupler l'espace comme un intercesseur entre les discrets jalons de la peinture et le spectateur. » L'accrochage de petits et moyens formats est ainsi essentiellement dédié aux paysages maritimes, à la mer allée avec le ciel, aux vagues, aux récifs découpés, voire aux abysses...

Êtres aux mondes
Ce devenir fantomatique et énigmatique des paysages de Clément Montolio a pu être rapproché du travail d'un autre artiste lyonnais, Marc Desgrandchamps. On dit aussi que Montolio est un grand lecteur du philosophe Ludwig Wittgenstein. Au-delà des influences et des connivences, Montolio poursuit sa voie originale, faite de blocs de sensations, de réminiscences, d'agencements de motifs, de métaphores. « La peinture n'entre pas en concurrence avec le réel mais peut parfois résonner avec lui. Toutefois, ce n'est pas un enjeu de restitution littérale : il ne s'agit pas de "présenter" une image du monde mais plutôt de tenter d'en représenter "un être au monde", une façon de vibrer avec lui. Sans grandiloquence ni carrière mystérieuse... Ce que l'on voit dans mes tableaux ce n'est pas un sujet. Plutôt une collision de motifs mis en relative cohérence. » Œuvres vibratoires, œuvres en résonance avec le réel, les peintures et dessins de Montolio ont aussi des densités différentes : la clarté de certains espaces maritimes pouvant virer ici à l'absence, l'obscurité des masses végétales pouvant virer là à un débordement de présence (à une obstruction des bosquets, de la nuit tombante ou de la matière). L'être au monde de Montolio n'a rien de linéaire mais rend compte d'un rapport chaotique et toujours singulier à notre "environnement" qui, tour à tour, heurte, angoisse ou ravit par sa luminosité ou son obscurité, son plein ou son vide, sa densité ou son délitement...
Clément Montolio, Et le songe entre nous est comme un horizon, jusqu'au 23 mars à La Petite Galerie Françoise Besson (Lyon 1er) ; entrée libre