Hardcore / Lieu voué aux expériences sonores et émotionnelles intenses, l'antre obscur du quai Arloing s'apprête à accueillir les manifestations de rage de Love letter, HeavyHex et Lore.
À l'initiative du collectif Lyon Hardcore, Love Letter est attendu pour la première fois en ville, tête d'affiche d'une soirée entièrement consacrée au melocore.
Ouverte par les Lyonnais Lore, nouvelle formation à qui on doit l'étonnant EP Those three little words, la soirée se poursuivra avec HeavyHex, originaire de Long Island. Après Stare, EP autoproduit en 2022, le groupe, né de la rencontre entre les guitaristes Daniel Lukach et Jeremy Gardiner, a mis sous presse True to you, un décalogue sonore traversé par une écriture touchante (Glare, Every thought of you), des citations nietzschéennes (« To live is to suffer/But to survive/Is to find/The meaning in the suffering » – Falling) et des profondes réflexions sur l'amour de soi (True to you).
L'apogée de la soirée sera atteint par l'apparition de Love Letter, groupe dans lequel convergent des membres de deux piliers du melodic hardcore US : Defeater et Verse.
Quelque chose de beau
Du premier, on retrouve Andrew Reitz à la batterie mais surtout Jay Maas (qui a produit le disque de HeavyHex) à la guitare, tandis que Love Letter accueille la voix dolente de Quinn Murphy : rencontre inévitablement explosive entre deux poids lourds du hardcore.
Déjà en 2018 le groupe a publié l'intransigeant Death of a Nation, mais c'est seulement à partir de l'année dernière que celui-ci a véritablement commencé à se frayer un chemin dans l'écosystème enchevêtré du punk. Everyone wants something beautiful, qui dissimule derrière son titre plus qu'un soupçon de supplication, est un travail solide qui renferme toute la déception et la rage d'une génération désabusée.
Le regard du groupe, teinté d'une vague nostalgie, s'adresse à ses contemporains et s'insurge contre la passivité de la complaisance et de la capitulation émotionnelle.
Significatifs dans ce sens sont les mots du single Misanthropic holiday or vacation : « Your trauma doesn't mean sh*t until you learn to deal with it », révélateurs d'une volonté de ne pas se laisser enterrer par leurs blessures et d'instaurer un rapport difficile, mais nécessaire et fécond, avec la part la plus problématique de l'être.
Cette douleur te sera un jour profitable
L'écoute de Love Letter émeut, bouleverse, traverse corps et esprit et laisse des traces, des brûlures, mais pas des traumas.
Car cette douleur, incarnée par les lignes sonores mélancoliques de Jay Maas et les hurlements désespérés de Quinn Murphy, ne se perd pas dans l'océan des plaintes gratuites, mais fixe en musique une expérience commune et partageable.
Pour ces raisons, le premier album de Love Letter est une fresque dramatique et introspective. Faisant l'objet d'une tournée internationale, celle-ci rend possible une catharsis, d'une expérience profonde et éruptive. Certes, douloureuse, mais assurément utile. Toujours moins chère qu'une séance de psychanalyse.
Love Letter + HeavyHex + Lore
Dimanche 16 février au Rock'n'Eat à 20h (Lyon 9e) ; 12, 50 €