Peinture / La galerie Estades rend hommage au grand peintre de l'École de Lyon avec une rétrospective à l'image de son œuvre, raffinée et discrète.
Né à Marseille en 1925, Jean Fusaro était présent ce samedi 25 janvier au vernissage de sa nouvelle exposition, prêt à communier avec son public. Autour de lui, disséminées sur les deux étages de la galerie Estades, une cinquantaine d'œuvres invitaient à la rencontre avec l'univers d'un artiste en mesure d'alimenter et de bouleverser la grande tradition de la peinture lyonnaise.

Sa volonté de faire bouger les lignes était déjà palpable pendant ses années aux Beaux-Arts de Lyon. Le peintre a organisé en 1948 une exposition collective à la chapelle du Lycée Ampère consacrée aux sanzistes. Un mouvement qui ne se revendiquait d'aucun mouvement, le nom signifiant justement le refus des courants artistiques, qui se finissaient alors tous en "-isme". Persiflage donc, de la nécessité impérieuse de la critique à créer des étiquettes.
Cette exposition Fusaro (accompagné notamment par ses compagnons de route Bansac, Coquet, Cottavoz et Truphémus) visait à axer l'attention sur les valeurs intrinsèques de l'art, afin de « s'approcher de la vraie peinture » comme il l'a écrit à Pierre Doye.

Lyon, Paris et Venise
Pour atteindre ce but, il était nécessaire de faire table rase des suprastructures de l'art afin de replonger dans la matière picturale et de repenser la figuration à la lumière des enseignements de Bonnard et de Raoul Dufy. La place Bellecour, balayée par des courants atmosphériques, témoigne de cette volonté au même titre que ce Paris immergé dans un bain azur, où les lignes interviennent comme dans une gravure afin de figer l'éphémère.
Et puis il y a Venise, ville qui tient une place particulière dans son œuvre (et dans son cœur). Parmi les nombreuses vues des calli et campi, celle de la place Saint-Marc éblouit par sa force, proposant une vision "intranquille", empreinte d'une impétuosité picturale qui rappelle un des chefs-d'œuvre du Tintoret, L'Enlèvement du corps de saint Marc.

Rétrospective Jean Fusaro
Jusqu'au 15 mars à la galerie Estades (Lyon 1er) ; entrée libre