Master of horror / Créateur de mondes, maître du fantastique, Stephen King a marqué de son empreinte la littérature. Peu d'écrivains peuvent se targuer d'avoir engendré autant d'adaptations majeures au cinéma que lui. L'institut Lumière propose de se pencher sur 17 films traduisant les relations d'amour mais aussi de défiance, entre King et le septième art.
Au-delà de la qualité intrinsèque des adaptations, chaque décennie a connu ses événements inspirés de Stephen King, depuis la fin des années 70 jusqu'au récent diptyque Ça. À l'heure où Oz Perkins adapte The Monkey et qu'Edgar Wright devrait sortir en fin d'année sa version de The Running Man avec Glen Powell, ce programme on ne peut plus alléchant confirme cette constance.
Panthéon
Sur plus d'une cinquantaine de romans transposés, nombreuses sont les réussites portées par des cinéastes essentiels qui ont fait date. Premier livre à avoir intéressé Hollywood, Carrie et son adolescente aux pouvoirs télékinésiques, a trouvé en Brian De Palma le réalisateur idéal. Le jeune réalisateur, qui venait tout juste de signer le hitchcockien Obsession, donne au roman de King des airs de teen movie cauchemardesque où la vengeance d'une jeune fille victime de ses camarades se mue en théâtre infernal lors d'un final inoubliable.
Autre immense réalisateur à s'être intéressé à l'œuvre du maître, Stanley Kubrick a signé l'un des plus grands films d'horreur de l'histoire avec Shining. S'appropriant (au grand dam de l'auteur) le récit d'une tragédie familiale hantée par les spectres du passé, il nous plonge dans un dédale mental qui n'en finit pas de générer fantasmes et interprétations.
Après avoir porté à l'écran la nouvelle The Shawshank redemption avec Les Évadés, Frank Darabont continuait son exploration de l'univers de Stephen King avec le très apprécié La Ligne verte. Transposition du roman carcéral initialement publié comme un feuilleton, le film a marqué toute une génération jusqu'à devenir culte auprès du grand public. Loin du fantastique, citons également les excellents Rob Reiner : Misery et Stand by me. D'un côté, un thriller claustro où un écrivain à succès se retrouve séquestré par sa plus grande fan, de l'autre, un émouvant conte sur la fin de l'innocence.
Bad to the Bone
Au-delà des classiques, la rétrospective concoctée par l'Institut Lumière permettra de (re)découvrir dans les meilleures conditions quelques réussites moins connues. Dead zone, et son médium confronté à un abject candidat aux élections sénatoriales, n'est pas le long-métrage le plus célébré de David Cronenberg. Il n'en demeure pas moins un thriller glacial porté par un casting haut de gamme comprenant Christopher Walken ou Martin Sheen. Dans la carrière de John Carpenter, Christine fait office de pépite méconnue. Étrange drame adolescent où un lycéen s'éprend d'une voiture aussi jalouse que meurtrière, il est pourtant la quintessence du style de Big John aux scènes inoubliables, à l'image de ce "strip-tease" mécanique.
Dans deux registres diamétralement opposés, citons deux œuvres au féminin bien trop rares. Tout d'abord, Simetierre de Mary Lambert, où le génocide des Natifs vient terroriser une famille américaine. Dolores Claiborne de Taylor Hackford ensuite, drame autour des retrouvailles entre une fille et sa mère accusée de meurtre interprété par deux excellentes actrices : Jennifer Jason Leigh et Kathy Bates.
Stephen King au cinéma
Du dimanche 2 février au jeudi 3 avril 2025 à l'Institut Lumière