Photographie / Avec sa nouvelle exposition, la galerie Regard sud propose une traversée nocturne de l'espace naturel, grâce à deux séries photographiques de la cinéaste Sandra Städeli.
Les images qui habitent les espaces de la galerie du haut des Pentes imposent, dès leur première apparition, une temporalité qui leur est propre, empreinte de silence et d'attente. Grâce à cette action scopique, se déployant à l'intérieur d'une quotidienneté anxiogène, apparait la possibilité d'une véritable communion, conjonction de sensible et visible.
Surgir de la profondeur de la nuit
Cette "poche de temps", qui occasionne la rencontre entre l'œil et le temps, a lieu grâce à la juxtaposition de deux séries : La Nuit rêvée des arbres de 2022 et Personna de 2024. Le titre les reliant, Natura profunda, accueille en soi l'idée d'une immersion dans l'obscurité de la nature, à la lisière entre vie et secret, rêve et cauchemar. Les photographies, arrachées à l'intimité protectrice de la nuit, restituent ainsi les linéaments de leurs origines.
L'image ne se limite pas à s'afficher platement mais elle s'écrit, elle s'intaille dans le visible, exposant les marques de son écriture. Chez Sandra Städeli les traits des photographies apparaissent comme dans un dessin ou une gravure auxquels on aurait ajouté les couleurs intenses emplies de vie de leur biotope originaire.
Les arbres et les fleurs, protégés dans l'intimité mystérieuse du milieu nocturne, surgissent l'espace d'un instant, éclairés par la lumière artificielle des projecteurs de chantier. On s'avance dans la nuit vers ces images, les yeux ouverts et désorientés, causant l'accident de la visibilité, assistant au miracle de la révélation, de la manifestation de l'invisible qui garde toute la profondeur de son mystère.
Natura profunda par Sandra Städeli
Jusqu'au 3 avril à la galerie Regard sud (Lyon 1er) ; entrée libre