Post-punk / Les murs pourtant si solides de la salle villeurbannaise résisteront ils au séisme sonore du groupe de Brighton ?
L'histoire d'amour entre Ditz et notre région est souvent l'occasion de retrouvailles intenses : la date de février sera d'autant plus singulière qu'elle marquera la célébration de Never exhale, son nouvel album. Le quintet anglais, refusant de se limiter à jouer de la "bonne musique", condense en quelques minutes une quantité assez remarquable de sons, matière, art et influences en mesure de le consacrer comme une des réalités musicales les plus intéressantes de ces dernières années.
Une apparition tonitruante
The Great regression, fracassante première œuvre sortie en 2022, avait imposé Ditz sur la scène internationale grâce à un son intransigeant, nerveux, sombre et particulièrement hétérogène. Si à sa sortie on évoquait de toutes parts l'univers du post-punk, le groupe a semblé dès ce premier disque se consacrer à une opération se soustrayant à toute tentative de définition.
L'hypodermique esprit punk agit chez Ditz comme un agent destructif et fascinant, nourrissant une rage qui ne se replie pas sur soi, mais scrute à 360°. Sa brutalité post-hardcore s'autorise à piocher dans le rock indé, plongeant par la suite dans une noise orageuse ou dans les sentiments torturés de la new wave, ainsi que dans les eaux troubles d'un certain metal.
Un retour asphyxiant
Trois ans plus tard, après avoir sillonné sans arrêt l'Europe et en ouvrant par ailleurs les concerts d'Idles, le deuxième chapitre de cette aventure sonore, paru il y a quelques jours chez Republic of Music, confirme la qualité du groupe et complexifie son parcours.
Parlant de Never exhale, Louise Lucas a récemment affirmé sur Les Inrocks qu'ici « il est question d'une menace qui plane, d'un étouffement, d'un espace distordu où l'on perdrait tout repère ». L'écoute de cette deuxième œuvre est en effet loin d'être rassurante et active un profond sentiment d'oppression.
Le spoken word de Cal Francis acquiert une configuration plus soignée et aiguisée et peut s'exprimer dans toute sa splendeur obscure avec une assurance poignante. Autour de sa voix se lève une spirale alarmante, se matérialisant notamment dans les guitares d'Anton Mocock et Jack Looker et qui évoque tant Television et Pere Ubu qu'Interpol, le tout ceint d'une tourmente industrielle.
Les sonorités abrasives, saturées et pesantes s'intensifient de ce fait sur Never exhale sans pourtant déclencher une autodestruction, mais en consolidant au contraire la structure du groupe. Avec ce disque, Ditz alimente son répertoire forcené et coriace, traçant des chemins qui ne demandent qu'à être empruntés, tel un geste sacrificiel qui se prolonge en live. Si l'écoute de Ditz ne peut pas laisser indifférent, faire l'expérience d'un de ses concerts active un rituel sans retour, physique et spirituel.
Ditz + Chest
Le 25 février à 20h au Transbordeur (Villeurbanne) ; 21, 50 €