Festival / Du 21 au 23 février, les voûtes de la Chapelle de la Trinité accueilleront les ondes synthétiques et expérimentales d'artistes sonores qui ont su innover en musique, puisant dans le répertoire baroque et romantique.
Trois jours de concerts, performances, conférences et séances d'écoute donneront lieu au premier festival de La Trinité, le projet porté par le Concert de l'Hostel Dieu et Superspectives. Après un début de saison prometteur, le week-end consacré à Synth Chapelle vise à faire bouger les lignes, grâce à des choix à première vue insolites, mais qui révèlent une pertinence effective.
L'irrépressible vie du baroque
« L'idée était d'assumer à fois l'identité baroque du lieu et de la programmation de la saison, mais en tirant le baroque vers les connotations de l'inattendu et de ce qu'on a appelé la "musique irrégulière" » nous confie Camille Rhonat, co-directeur avec Camille Chabanon de La Trinité. Celui-ci semble faire résonner cette idée d'un baroque « libre et plantureux, exubérant et non canalisé » qui se trouve au centre de la réflexion du philosophe Eugenio d'Ors.
Les différents rendez-vous du festival interrogent le répertoire à travers cette perspective, en commençant par Johann Sebastian Bach, au cœur de la démarche de Wendy Carlos, dédicataire de l'évènement et figure souterraine et révolutionnaire de l'histoire de la musique. Connue notamment pour ses collaborations avec Stanley Kubrick (Orange mécanique, Shining), elle est l'auteure de Switched-on Bach, pierre angulaire de l'univers des "nouveaux sons" où la transcription des œuvres du compositeur allemand reçoit un traitement rigoureusement baroque au synthétiseur Moog.
Le studio, lieu de recherche et de libération
« On avait envie de donner trois jours pour interroger la question des studios et des synthétiseurs comme lieux et outils d'émancipation » continue le co-directeur insistant sur le rôle capital joué par les femmes et les personnes LGBT dans le champ des musiques expérimentales et contemporaines, mais qui demeure encore invisible.
Une histoire qui reste à écrire et dont le rendez-vous, en partenariat avec le collectif Hatch et LYL Radio, avec la poétesse Fanny Chiarello et la performeuse Valentina Magaletti, vise à convoquer, grâce à la présentation du livre Basta Now !, plus de 2300 projets d'artistes et de musiciennes.
Un week-end de pérégrinations méditatives et oniriques
Ouvert le vendredi 21 février par la diffusion de la contemplative Trilogie de la mort d'Éliane Radigue, le festival se poursuivra le lendemain avec les bandes sons imaginaires et mélancoliques de Miaux, les déserts corrosifs et délicats de Sarah Terral et les aquarelles nostalgiques de Fiesta en el vacío. Le dimanche, les improvisations cosmiques et pénétrantes de Julien Lheuillier convieront l'auditoire dans des territoires inexplorés, avant de céder le pas à la reprise de la Première Symphonie, dite « Titan » de Gustav Mahler, par l'entremise de Jonathan Fitoussi, commande de Radio France métamorphosant le matériel originaire dans un mouvement ancestral et océanique.
Synth Chapelle, festival d'hiver
Du 21 au 23 février à la chapelle de la Trinité (Lyon 1er) ; de 0 à 60 €
