Nouveau lieu / Après la fermeture de la Cité des Halles le 31 décembre 2024, l'équipe à l'initiative du projet n'a pas tardé à rebondir. Avec Lieux Solides, elle poursuit son engagement dans l'urbanisme transitoire en investissant un bâtiment de 1 300 m², rue Saint-Simon, dans le 9ᵉ arrondissement de Lyon.
« Notre crainte était que les résidents de la Cité des Halles se retrouvent sans solution. On a donc cherché un moyen de les accompagner dans un nouveau lieu, et cela s'est fait en un temps record », explique Orbiane Wolff, cofondatrice de Lieux Solides.
En quelques mois, Lieux Solides a récupéré un bâtiment de 1 300 m² propriété du promoteur Em2c pour y reloger des résidents dans des espaces de 50 à 100 euros le mètre carré. « C'était un espace sous-exploité, on a dû faire des travaux et des aménagements avec un budget limité, mais sans problématique majeure de coordination », détaille-t-elle. Situé au 30 rue Saint-Simon, cet espace, qui sera occupé pour une durée de deux ans renouvelables, ne bénéficiera pas d'une programmation événementielle et d'une ouverture au public comme dans les anciennes friches Nexans, « l'idée, c'était vraiment de monter quelque chose rapidement et efficacement ».
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Actuellement, 16 structures, soit une trentaine de personnes, sont installées sur place, couvrant divers domaines : upcycling de vêtements éthiques pour enfants (Caybeau), artistes et graffeurs (Fouapa, Yandy graffer, Val Barranco...), associations (À tire d'elles, Femmes ici et ailleurs) ou encore des entreprises d'insertion professionnelle comme La Bâtisse. « Accueillir ces structures a du sens pour nous. On s'apporte mutuellement à différents moments et pour divers projets », souligne Orbiane Wolff.

Un modèle d'urbanisme transitoire en pleine évolution
Investie depuis début janvier, la structure se divise désormais en trois pôles majeurs : conseil et accompagnement pour la mise en place de lieux, exploitation en propre et direction artistique. « Lieux Solides n'est pas une simple pépinière, mais un véritable lieu de vie. Nous voulons accompagner les porteurs de projets sur des périodes suffisamment longues pour qu'ils puissent s'épanouir », insiste Heny Chaussedent également co-fondateur du projet.
Un nouvel espace, Vitamine 7, ouvrira bientôt dans le 7ᵉ arrondissement et sera dédié au sport inclusif. En parallèle, Yvan Patet, président du groupe Em2c, plaide pour la création d'un fonds de dotation institutionnel afin de pérenniser ces initiatives. « L'urbanisme transitoire doit pouvoir s'inscrire dans une logique durable, en trouvant des modèles économiques adaptés », conclut-il.
Interrogée par Le Petit Bulletin en novembre 2024, alors que La Cité des Halles était sur le point de disparaître, Orbiane Wolff tirait la sonnette d'alarme au sujet de l'espace disponible dans la métropole de Lyon : « On observe un phénomène "naturel", le prix du foncier grimpe et les espaces comme le nôtre disparaissent peu à peu. C'était déjà ce qu'on remarquait lorsqu'on occupait le Fort Superposition », arguant cependant que la Métropole se mobilise pour tenter d'endiguer le phénomène : « Elle essaye vraiment d'investir ce qu'on appelle "l'urbanisme d'interstice" et valorise son importance, pensant notamment à la nécessaire relocalisation des fonctions productives en cœur de ville. On le voit aussi avec des projets comme celui des Grandes Locos, cependant la tendance reste inquiétante car chaque mètre carré doit être rentable. »