Chant polyphonique géorgien / Trio parce qu'elles sont trois, Mandili du nom du foulard porté par les femmes en Géorgie : la Salle Molière accueille — l'espace d'une soirée — un surprenant voyage dans le temps et dans l'espace.
Il y a dix ans, elles perçaient la toile dans une vidéo YouTube où elles reprenaient un chant traditionnel géorgien, Apareka. Modestement vêtues, les trois jeunes amies se filmaient à la caméra frontale de leur téléphone sur une petite route en terre géorgienne, leurs chants accompagnés par un panduri, une petite guitare géorgienne ressemblant au chonguri avec une corde en moins. Une vidéo amateure qui acquit le million de vues en un temps record, aujourd'hui les 8, 2 millions de vues.
À quoi les trois chanteuses doivent-elles la viralité de cette vidéo ? Probablement à la puissance de leurs chants, mais aussi l'étonnement des internautes du monde entier, prêtant l'oreille un genre musical semblable à nul autre : le chant polyphonique géorgien. Celui-ci peut sembler presque discordant à la première écoute, tant ses intervalles et ses dissonances diffèrent des mélodies occidentales. Un genre qui témoigne à la fois du positionnement géographique unique de la Géorgie, à cheval entre les influences asiatiques et celles occidentales, mais aussi d'une histoire très ancienne, que les Géorgiennes et Géorgiens se sont attaché(e)s à préserver. La musique telle qu'elle est performée par Trio Mandili n'a pas beaucoup évolué depuis l'ère préchrétienne, en dépit des invasions perses, ottomanes, russes et de la politique de soviétisation qui ont tour à tour secoué le pays.
Des voix qui s'élèvent
Toujours à trois voix, a capella ou presque, se faisant l'écho d'histoires d'amours, de chagrins et de quêtes d'espoir du temps jadis, il s'agit d'un des plus anciens styles de chant encore pratiqué aujourd'hui. Celui-ci est resté plutôt confidentiel sur cette planète, mais peut-être pas dans la galaxie. Inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco depuis 2008, un échantillon a été gravé sur un disque intitulé The sounds of earth et envoyé dans l'espace à bord de la sonde spatiale Voyager en 1977. La NASA estime que le disque (et la sonde elle-même) survivra plus longtemps que la Terre et le Soleil. Une tradition musicale que l'on pourrait donc croire éternelle, à découvrir entonnée par les voix des trois stars nationales de Géorgie qui parcourent depuis dix ans toute l'Europe (et même un peu plus loin) sans rien perdre de leur authenticité et de l'étrange magie qui entoure leurs prestations. Un morceau d'humanité en somme.
Trio Mandili et Asä Trio
Jeudi 27 mars à 20h la Salle Molière (Lyon 2e) ; de 30 à 32, 50€