Musique classique / Le violoniste et chef d'orchestre David Grimal emmène son public dans une ode à la révolution et à l'insurrection avec les symphonies de Brahms et de Chostakovitch.
Qualifiée souvent de "musique de film sans film", La 11e Symphonie de Chostakovitch est, en effet, particulièrement imagée, dramatique, flamboyante. Fruit d'une commande, créée en 1957, titrée L'Année 1905, elle narre les soulèvements populaires qui ont eu lieu cette année-là en Russie, réprimés dans le sang par les forces tsaristes. Évoquant sa jeunesse, le compositeur (né en 1906) disait à son ami et biographe Solomon Volkov : « Notre famille parlait constamment de la révolution de 1905... Ces histoires ont eu un impact profond sur mon imagination. Ils transportaient sur un traîneau un monceau d'enfants assassinés... Et les enfants morts souriaient. Ils avaient été tués si subitement qu'ils n'avaient pas eu le temps d'avoir peur. »
Fondée sur des thèmes populaires et sur plusieurs chants révolutionnaires, La 11e Symphonie se divise en quatre mouvements, avec un second mouvement particulièrement impressionnant où l'on entend s'ébranler la foule et siffler les balles pour la stopper. La seconde section du 2e mouvement « figure l'arrivée menaçante des troupes tsaristes, à grand renfort de percussions et de cuivres, auxquels font écho les thèmes répétitifs implacables des cordes. Elle culmine dans un impressionnant paroxysme, peinture sonore saisissante des scènes de massacre. Le tableau s'achève par une coda glaçante où l'on retrouve les voix des cordes du premier mouvement. » écrit le musicologue Pierre Verdier.
Œuvre de propagande pour les uns, elle est plus complexe selon d'autres qui y voient aussi un hommage à l'insurrection hongroise contre le pouvoir soviétique en 1956. Elle est en tout cas, selon les mots mêmes du compositeur, sa symphonie la plus « Moussorgskienne », sans doute parce que Modeste Moussorgski met souvent au centre de ses œuvres un peuple qui subit la tyrannie, quelles que soient les époques. C'est le violoniste et chef d'orchestre David Grimal qui dirigera l'orchestre de Lyon pour cette puissante épopée.
Brahms / Chostakovitch
Les 4 et 5 avril à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 54 €