Peinture contemporaine / Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Masurel, Francisco Mendes Moreira présente des scènes de personnages alités en tous sens, tête bêche, avec ou sans habit, avec ou sans animal de compagnie, avec ou sans cigarette au bec...
Il y a du Picasso dans les tableaux de Francisco Mendes Moreira, avec des visages de face et de profil cousus ensemble. Du Picasso, mais aussi et surtout... du Lego, du robot, du masque africain, du corps de pantin ! Moreira, lui, dit s'inspirer beaucoup de David Lynch, de Billie Holiday et de la Bible, mais on pressent que la liste est loin d'être exhaustive. « Le sujet peut être tout ce qui me vient à l'esprit — une présentation PowerPoint, ma femme qui jure lorsqu'elle se cogne les orteils, des danses latines, des joueurs de la NBA des années 1990, des scènes bibliques... » écrit l'artiste.
Face à ses œuvres, en tout cas, on pense beaucoup à un enfant qui, avec quelques Playmobil ou briques Lego, fait se lever devant lui tout un monde vivant, donne chair et sang à ses figurines de plastique ou de bois. Tout est à la fois figé et tellement animé, expressif, drôle ou tragique, sur les toiles de l'artiste portugais.
Jonction entre l'innocence et le sinistre
Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Masurel, Moreira présente surtout des scènes de personnages alités en tous sens, tête bêche, avec ou sans habit, avec ou sans animal de compagnie, avec ou sans cigarette au bec... L'espace est comprimé en un rectangle-matelas-tableau, et tout un univers de dormeurs et de veilleurs s'y déploie, dans une palette osée où les corps passent du bleu pétrole, au vert profond, à l'ocre ou au jaune... On découvre aussi, au milieu des toiles de dormeurs, une scène de danse dans un café, où on ressent immédiatement une atmosphère un peu interlope de cave de jazz, avec des personnages dégingandés, un peu tordus par la vie ou par l'alcool. Et, là comme ailleurs, les extrêmes se rejoignent : le monde de l'enfance et le monde des adultes, l'esprit d'innocence et l'esprit torturé, le désir naïf et le regard libidineux. Et tout cela, en chœur et en couleurs, fonctionne merveilleusement bien ensemble.
At the Golden Lion, de Francisco Mendes Moreira
Jusqu'au 10 mai à la galerie Masurel ; entrée libre