Rap / Des open mics et freestyles de ses débuts à ses récents disques d'or, l'appétit de Zamdane est resté insatiable, tandis que la couleur de sa musique a évoluée vers une forme moins brute et plus mélodieuse. L'écorché vif a trouvé sa voix.
Dans Dernière pluie, premier extrait d'un futur troisième album, Zamdane revient (temporairement ?) à un rap minimaliste. « Cette année, j'ai passé un cap [...] mon âme est encore intacte » dit-il au refrain. Un pas de côté qui affirme un besoin de contrarier son nouveau statut d'artiste implanté au potentiel de tête d'affiche. Une revanche pour celui qui, deux ans plus tôt, était victime d'un grave accident de voiture.
Miraculé sans frontières
Partagé entre deux langues, la darija (dialecte marocain) et le français, il se construit avec d'autres références que les rappeurs de sa génération. Cette dualité est au cœur de l'ADN de son formidable double album Solsad. L'artiste parvient à adoucir sa musique sans formater son contenu, à l'étoffer en transformant ses contours.
Conçu en étroite collaboration avec Thug Dance (producteur issu du duo electro Amine Edge et Dance), le disque résonne comme une invitation au voyage. Une introspection doublée d'une ode à l'ouverture sur autrui et au monde qui l'entoure. Le flow autotuné de Zamdane vient percuter et épouser des sonorités privilégiant les instruments classiques (piano, guitare, violon).
Mélancolie criminelle
Dans une énergie basée sur le partage et la communion, sa voix se mélange avec celles aléatoirement attendues de Pomme, Zaho, Tif, Niska, Josman ou encore Kekra. Son écriture spontanément littéraire traduit des prédispositions poétiques servant une humeur, où la célébration est toujours empreinte de spleen et de tristesse.
En se racontant, l'artiste offre le témoignage vibrant d'une double identité heureuse à travers un projet musical homogène et harmonieux, quelque part entre le rap et le chant. C'est peut-être la revendication politique la plus douce et la plus évidente entendue depuis bien longtemps, en plus d'être délicatement lumineuse derrière sa mélancolie.
Zamdane
Mardi 22 avril à 20h au Transbordeur (Villeurbanne) ; 29 €