Black metal atmosphérique / Pour le dernier dimanche d'avril, Sounds like hell productions propose de sombrer dans les flots obscurs du black avec In the woods..., Imperium dekadenz, Cân bardd et surtout Saor, projet fusionnant la puissance du metal avec les atmosphères folkloriques écossaises.
Scandée par quatre expériences se mouvant dans la noirceur des esthétiques black, la longue soirée au Marché gare augure d'ores et déjà d'un évènement plus qu'essentiel. La soirée sera inaugurée par le set de Cân bardd, projet fascinant du genevois Malo Civelli où les arpèges et chants raffinés et féériques se retrouvent enclavés dans un implacable esprit black. Le rituel convoquera également Vespasian (Pascal Vannier) et Horaz (Christian Jakob), deux passionnés de la Rome Antique et notamment de la figure de Caligula. Leur projet Imperium dekadenz invitera à retracer un parcours musical vingtenaire où l'aspect "atmosphérique" est soumis à un traitement violent et dépressif.
L'infatigable Anders Kobro, dernier survivant du line-up originel de In the woods..., présentera par la suite Otra, le dernier opus de ce groupe mythique qui n'a jamais cessé d'interroger les fondamentaux du black, le mâtinant de nuances mélodiques et prog.
Un seul mot d'ordre : liberté !
La soirée culminera avec le concert de Saor, le projet que le visionnaire musicien Andy Marshall sculpte avec dévouement depuis 2013, après avoir clôturé l'aventure post-rock avec Falloch. Le nom du groupe, "libre" en gaélique écossais, évoque non seulement le sentiment d'absence de toute dépendance, mais possède aussi une valeur factuelle : celle dont est constituée la toile de fond de son art, dépourvu de toute contrainte et en mesure de fusionner des aspects lointains.
Si le langage est marqué par l'hybridation entre les traditions musicales écossaises et celtiques ainsi que l'univers troublant du black, la forme assumée dans les disques est celle d'une suite épique qui s'espace et s'ouvre, mouvement après mouvement. Cela impose non seulement une profonde écoute, mais aussi une forme d'abandon total face aux longues compositions atteignant parfois les dix-sept minutes, comme Roots et A Highland lament, incipit et excipit du premier album de 2013, marqué par un double registre : celui de la saturation sonore et du sentiment de grandeur et de spaciosité.
Du metal calédonien magnétique et expérimental
L'introspection de cette première œuvre cède la place à des formes plus ouvertes et rêveuses dans Aura, où Andy Marshall, pour la première fois, invite d'autres musiciens à le rejoindre avec des flûtes, des cordes, un bodhrán (le tambour écossais) et une batterie.
L'apogée de Saor est atteint sans aucun doute avec Guardians, monumental hymne incarnant l'aspect plus solennel de l'esthétique du groupe. Ici le sentiment de dévouement à la mémoire du passé côtoie des formes presque néo-romantiques, s'incarnant dans cinq longues pièces mélancoliques et poétiques, déclaration d'amour pour un sacré diffus et une nature sublime.
Après le décevant Forgotten paths et le très mélodique Origins, en février dernier avec Amidst the ruins Andy Marshall a marqué un retour aux sources (terme à prendre au pied de la lettre), renouant à la perfection avec son savoir ancestral capable d'équilibrer puissance et légèreté, oppression et abandon, introspection et mémoire collective.
Saor, In the woods, Imperium dekadenz et Cân bardd
Dimanche 27 avril à 18h30 au Marché gare (Lyon 2e) ; de 25, 10 à 29, 10 €