Suisse / Genève et Lausanne sont trop courues et trop grandes ? Cap entre les deux, toujours sur les rives du Léman, à Nyon, pour prendre le temps de souffler dans cette ville romaine fondée par Jules César et qui a inspiré Hergé pour L'Affaire Tournesol. Un lieu où, chaque été, le Paléo festival attire plus de 200 000 spectateurs.
Situé en face d'Yvoire, labellisé plus beau village de France (le seul en Haute-Savoie) et reliable en 20 minutes de bateau, Nyon est une bourgade 24 000 habitants bien tranquillement installée entre vignes et lac, assise sur une histoire doublement millénaire puisque c'est Jules César qui l'a construite vers -45 avant notre ère pour y loger des vétérans de son armée. Sa statue, réplique de l'originale qui se trouve à Rome, trône même fièrement sur la place à son nom à côté de la terrasse du café cosy Ex-machina et d'un petit jardin où poussent des plantes déjà cultivées à l'époque. Sous ses pieds, un musée romain installé dans les restes de murs de la basilique du forum. Et même s'il n'est pas immense, il est richement doté de trouvailles d'une grande finesse, faites au cours des différentes campagnes de fouilles comme ces urnes en verre soufflé ou ces quelques figurines en bronze. Un mur d'amphores impressionne également et des jumelles permettent de contempler des photos de la ville où des traces romaines sont encore visibles – un haut-relief, un bout de frise. Le musée est aussi le lieu pour tout savoir de la découverte en 1996 d'un amphithéâtre de 17 rangées (les 4 premières ont été vraiment identifiées) à l'est de la ville, toujours bâché car seulement un tiers a été fouillé pour l'instant ; les habitants souhaitent qu'il devienne un parc archéologique. Un nouveau plan de financement pour la poursuite de ce projet sera tranché en fin d'année.
Datant du XIIe siècle – et en parfait état – le château regarde d'un côté la place piétonne et de l'autre le lac offrant une esplanade inratable avec vue sur les Alpes. Visitable des sous-sols (où se niche aussi un bar à vins) aux combles, il résume de grands pans de l'histoire de la cité. On peut y visiter un étage consacré aux femmes de Nyon (expo temporaire jusqu'au 18 mai) et aux porcelaines. Nyon a eu sa fabrique, la 2e de Suisse après celle de Zurich, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles et durant une trentaine d'années. L'occasion d'admirer, outre de la vaisselle, des glacières (!) fleuries et des éteignoirs à bougie. Un autre niveau, plus vide, était consacré aux anciennes salles de tribunaux et du conseil communal (magnifique vue sur le lac !) puis, au-dessus, on trouve des cellules de prisonniers fermées seulement en 1979. Les graffitis sont encore là.
Musées à foison
La ville de Nyon est comme le reste des agglomérations de la rive, complètement tournée vers le lac. Dans les murs d'un ancien hôpital, le musée du Léman, promis à un agrandissement, témoigne, à hauteur d'enfant, de la richesse de ces eaux devenues tellement propres après une pollution naturelle au phosphore dans les années 1960 et 80 que les perches, le poisson le plus pêché du lac, manquent de nutriments et ne se reproduisent plus assez !
Il y est par ailleurs question du tsunami du lac de 563, quand une roche s'était décrochée – la menace n'est pas complètement évacuée aujourd'hui. La famille Piccard est aussi à l'honneur avec ses inventions de sous-marins et d'avions solar. Au rez-de-chaussée on observe de véritables aquariums, une fresque des célébrités des environs (Godard, Mary Shelley, Courbet...) et un espace dédié aux bateaux et au sauvetage. Mais aussi, la passionnante expo temporaire (jusqu'au 31 août), exhumant la mine d'or que représentent les nombreuses cartes du Léman, qui permettent d'appréhender le lac depuis le ciel, ses contours, ses profondeurs, ses frontières et même son envers. N'en jetez plus !
Le soir, on peut faire une pause culturelle dans l'équivalent des Subs de Lyon, l'Usine à gaz, qui accueille notamment le chorégraphe Olivier Dubois et le circassien Martin Zimmermann d'ici l'été. Un véritable lieu de découverte et d'expérimentations.
Voisine
Puis, on peut mettre le cap sur le voisin à Prangins, commune mitoyenne qui abrite rien de moins que le musée national Suisse, dans un grand château bordé d'un jardin botanique. Là encore, il est question de savoir-faire local, celui des indiennes, des tissus floraux et surtout de l'identité suisse à travers l'habitat (on y trouve une description de la barre d'immeuble façon Le Corbusier qu'est la cité Vieusseux de Genève), mais aussi de la démocratie, du travail (les luttes pour les droits des ouvrières de l'horlogerie)...
Enfin, entre deux bouchées de malakoffs, ces beignets de fromage locaux, parcourez la ville avec le fascicule Tintin (disponible à l'office du tourisme gratuitement) pour retrouver les lieux qui ont inspiré Hergé pour dessiner les décors de L'Affaire Tournesol (1956). Le savant étant un double du scientifique Auguste Piccard dont les travaux se trouvent au musée du Léman. La boucle est bouclée !
Sentier des Toblerones
La Wehrmacht n'a pas attaqué la Suisse mais le pays s'y était préparé. Il en reste des rangées de pyramides et triangles de béton qui font la hauteur d'un humain. Cette ligne de fortifications est devenue un sentier pédestre étonnant dans un environnement très agréable, bordé d'un ruisseau et parsemé d'ail des ours à cette saison.
Au total, depuis le village de Saint-Cergue (accessible en train), la descente prend 4h30. On note la possibilité de rejoindre le chemin depuis la station de Bassin ou d'Arzier. On peut suivre le petit pictogramme jaune figurant un marcheur dans un losange. La balade est à découvert en prairie au début, avec vue sur le lac, puis, en sous-bois. L'arrivée se fait dans l'urbanité à Vich, où on peut récupérer le bus 83 à l'arrêt La Bichette. Si vous poursuivez jusqu'au lac, vous passerez par Gland puis Prangins et enfin Nyon. Autre possibilité de balade sur les hauteurs, celle dite de Béatrix, sur le chemin du Vieux-Château à Saint-Cergue.
Renseignements pratiques
Où manger ?
Chez mon oncle. C'est véritablement chez l'oncle de l'actuelle tenancière. Institution de longue date de la ville où on peut déguster des malakoffs, beignets au fromage fondant (8CHF), des fondues (28 CHF), le lard de Begnins, des perches du Léman ou une spécialité sucrée : des tartelettes à la raisinée (de la pomme ou de la poire cuite au chaudron et devenue sirop). La déco est très chaleureuse.
40 rue de Rive / Ouvert tous les jours sauf le mercredi, de 10h à minuit
Café Ex machina. Lieu très fréquenté pour boire une boisson (cafés, thés et chocolats chauds), manger un muffin ou même pour déjeuner le midi (salades variées très fraîches, soupes...)
11 rue du Vieux-Marché / Ouvert tous les jours de 8h à 18h (9h le week-end)
Les musées
Musée de Prangins, musée national
Ils sont ouverts du mardi au dimanche de 10h à 17h ; 8CHF sauf le Château de Prangins (13 CHF)
Événements culturels
Visions du réel : festival de films documentaire, avril
Caribana Festival : musique électro, rap, rock, metal..., juin
Paleo Festival : festival de musiques rock, le grand en open-air de Suisse, juillet
Rive Jazzy : musique jazz, juillet-août
far°: fabrique des arts vivants, août
Où se renseigner ?
Office du tourisme
8 avenue Viollier / Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 13h à 17h
Comment y aller depuis Lyon ?
En voiture. Lyon – Nyon : 176 km et 2h10 par Ambérieu ou Chambéry
En train. TER jusqu'à Genève (37€, 2h) puis train suisse (15 min, 9 CHF). Nombreuses possibilités de réduction notamment via la carte Illico Liberté AURA (30€ par an)
Transports sur place (gratuit !)
Dès lors que vous réservez un hôtel, vous bénéficiez d'une sorte de carte d'hôte, un ticket nommé carte Explore offrant la gratuité des bus et des trains de Nyon et des environs de votre jour d'arrivée à votre jour de départ. Possibilité de l'obtenir en version numérique en amont de votre arrivée auprès de votre lieu d'hébergement.
