Podcast gastronomie / Lyon réunit une quantité vertigineuse de bonnes tables, le Sirha (référence mondiale) la Cité de la Gastronomie (controversée), des pages consacrées aux restaurants dans tous les bons magazines. Mais un média exclusivement dédié aux chefs lyonnais ? Le podcast "Cher bon" tape dans le mille. Entretien avec l'une des fondatrices, Louison Lagneaux.
Le Petit Bulletin : Comment est né le podcast Cher bon ?
Louison Lagneaux : Je me destinais à travailler dans le vin, j'ai donc fait un master commerce du vin. J'ai commencé à rencontrer des chefs lorsque j'étais en alternance chez un distributeur, et je me suis intéressée à leur métier. Je n'y connaissais pas grand-chose en gastronomie, mis à part le vin. J'ai commencé à écouter pas mal de podcasts sur les chefs, sur la cuisine... Je me suis rendue compte que la plupart des podcasts autour des chefs étaient parisiens. C'est fou qu'il n'y ait pas de contenu comme ça à Lyon, alors qu'on est censé être la capitale de la gastronomie !
On s'est lancés à trois, avec Arsène Pomi qui travaille dans l'audiovisuel et Florian Bergeret en commerce, car je n'avais pas de connaissances techniques. Moi, je vais dénicher les chefs et on enregistre ensemble. Ils gèrent la postproduction. Au début, on avait chacun nos projets et on s'entraidait pour faire celui-ci ensemble, mais comme ça a bien pris, on attend que tous les deux terminent leur alternance pour s'associer et créer une société.
LPB : Comment choisissez-vous les chefs ?
LL : Au départ, j'avais des contacts grâce à l'équipe de Vinister où j'ai fait mon alternance : c'était du vin bio ou en biodynamie, donc la clientèle faisait attention au "sourcing", et j'entendais beaucoup de noms avec une démarche et une éthique responsable. Cependant, je ne les connaissais pas du tout. Le premier que je suis allée voir, c'était Steven Thiébaut-Pellegrino de Leptine. J'y suis allée au culot ; on ne s'était jamais vus, j'ai toqué à sa porte, je lui ai proposé, il a accepté et ça a lancé le podcast. Quelque part, c'est grâce à lui que tout a commencé.
LPB : Quels sont vos critères ?
LL : Je n'ai pas vraiment fait exprès au début, mais aujourd'hui on cible les chefs qui ont monté leur restaurant, car le côté entrepreneurial m'intéresse aussi. Ce sont des "couteaux suisses" : ils sont managers, chefs d'entreprises, cuisiniers...
Je dis souvent que j'aime "mettre en avant ceux qui travaillent le bon et qui font du bien" : donc ceux qui sont dans cette démarche, pas forcément de façon irréprochable car c'est difficile, mais qui essayent et qui font briller la ville. C'est pour ça qu'on est la capitale de la gastronomie, on a de beaux établissements et ce sont ces gens-là qui les font vivre.
LPB : À quelle fréquence publiez-vous ?
LL : On essaie de sortir un épisode toutes les deux semaines. On en a toujours d'avance, mais vu qu'on combine avec toutes nos activités, ce n'est pas toujours parfaitement régulier. On va en sortir plus : on ajoute un format hebdomadaire de dix à vingt minutes, sur l'histoire de la gastronomie à Lyon, de l'actualité, des invités, pour couvrir d'autres sujets. J'apprécie le format long, c'est celui qui nous a fait connaître et que j'ai envie de continuer, mais j'ai aussi envie de mettre en avant des personnes d'une autre façon.
LPB : Quels sont vos restaurants préférés ?
LL : J'adore Söma de Sarah Hamza. Elle sert des dattes au fromage. C'est très particulier, quand on le dit ça ne donne pas envie, je vois l'expression des gens quand j'en parle. Mais c'est délicieux. Elle fait frire les dattes, si on aime le sucré-salé c'est incroyable. En pâtisserie, j'adore Alma et Duclef. J'apprécie aussi Le Troquet, et Monsieur P. C'est d'ailleurs grâce à ce dernier que j'ai voulu travailler dans le vin (oui je suis très influençable). Je mangeais là-bas car c'est l'un des restaurants préférés de mon père, et aux toilettes, il y avait un cadre suspendu, avec une illustration qui disait "qui aime le vin, aime la vie". Je cherchais ce que je voulais faire, et je me suis dit que c'était une bonne idée.
LPB : Testez-vous chaque restaurant ?
LL : Pas toujours. La plupart du temps, quand je fais les interviews, je n'ai jamais mis les pieds dans le restaurant. J'y mange après. Au début, les chefs pouvaient se dire « elle m'interviewe mais elle ne connaît même pas ma cuisine » et c'est vrai ! Mais je ne suis pas critique culinaire. Je me fie à ce qu'on me recommande. J'y vais une fois que je connais toute l'histoire, que je sais pourquoi ils font tel ou tel plat... Et puis je suis bien reçue, on se connaît, donc l'ambiance est sympa. Mais il y en a beaucoup et je n'ai pas forcément la possibilité d'aller autant au restaurant, parce que c'est à mes frais, et ça restera comme ça.
LPB : Quels podcasts de cuisine écoutez-vous ?
LL : Ceux qui m'ont beaucoup inspiré, ce sont les podcasts Chefs. Il n'y a pas d'animation, juste les chefs qui racontent leur histoire. On est en immersion dans la vie du chef, avec sa voix, c'est bien raconté, bien monté, et surtout, ce sont de très grands chefs, donc c'est assez impressionnant. Récemment, le Guide Michelin à sorti son podcast qui s'appelle Oui cheffe, avec uniquement femmes, pas que des cheffes d'ailleurs, dans tous les métiers de la restauration, qui racontent leurs parcours. C'est très intéressant !
Cher bon
Sur toutes les plateformes d'écoute
