Décalages / Spinal Tap, C'est arrivé près de chez vous, The Office, Guy... Au cinéma comme à la télévision, le documenteur renverse les perspectives de la comédie et modifie la nature du rire.
La comédie est, entre autres, une affaire de rythme et de ruptures. « Dans un faux-documentaire à visée humoristique, la caméra est un personnage, le décalage comique est décuplé par l'illusion de réalité ». C'est ainsi que Marie Casabonne, autrice de l'ouvrage Dans les bureaux de The Office, L'Humain derrière l'humour, et membre du jury de cette 10ᵉ édition d'On vous ment !, synthétise ce changement de paradigme. « La caméra est sans pitié, elle capte des moments de gêne, des regrets, des réactions auxquelles on ne devrait pas assister » ajoute-t-elle en précision.
Témoins oculaires
Les personnages (et les spectateurs) ont parfaitement conscience de la présence de l'objectif, ils interagissent parfois directement avec lui. Verbalement (Guy, C'est arrivé près de chez vous) ou par regards complices (The Office). Ce rapport de connivence induit également la possibilité d'autres figures hors-champ (cadreur ou équipe technique). Ce qui est montré n'est pas nécessairement vrai, mais une imitation de cette vérité, un détournement à des fins comiques. Les chutes, les prises ratées et autres défauts sont rendus visibles.
Making of
Le "documenteur" comique joue un rapport de voyeur à la caméra. Le spectateur est pris à partie avec ou sans consentement. La distance entre les personnages et l'écran est altérée. Dans The Office, le créateur de la version américaine Greg Daniels insiste sur les spying shots, ces plans pris sur le vif qui donnent l'impression d'assister à des instants privilégiés que les techniciens vont chercher au forceps. Dans la même logique de mise en abyme, Micro Budget (présenté en compétition) de Morgan Evans, nous immisce dans les coulisses du tournage d'un film indépendant en générant l'hilarité, moins par l'imitation du réel que par la perception de celui-ci par son protagoniste générant de la gêne.
Micro Budget
Vendredi 9 mai à 20h40 au Cinéma Lumière Bellecour ; de 4 à 9, 80€