Sélection / Du rock à la céramique, de la contemplation florale à l'abstraction picturale, les expositions du moment invitent à explorer les formes de création les plus diverses. Tour d'horizon des propositions à ne pas manquer dans les lieux d'art dans le cadre de la cinquième édition du Mai d'Adele.
Le mai d'Adele

Circuits artistiques / Le mai d'Adele revient pour sa cinquième édition, du 15 au 18 mai 2025, et s'infiltre une nouvelle fois dans les interstices de Lyon et de sa métropole. Pendant quatre jours, l'art contemporain se rend visible, palpable, dans plus de vingt lieux. On y circule en autonomie ou en visite accompagnée, au rythme de parcours conçus pour relier musées, galeries, centres d'art, ateliers et espaces hybrides, chacun proposant sa propre manière de faire vibrer la création actuelle. Le programme s'annonce généreux : vernissages, rencontres, performances, discussions... Une cartographie sensible de la scène artistique du territoire, à la fois dense et mouvante. Le mai d'Adele, est ce moment rare où l'art se rend disponible, comme une conversation ouverte, portée par celles et ceux qui le font vivre au quotidien.
Le mai d'Adele
Du 15 au 18 mai 2025 dans divers lieux ; de 0 à 7 €
XXL

Peinture / Décédé en 2017 à l'âge de 93 ans, Henri Castella incarne l'une des grandes figures de la peinture lyonnaise du XXe siècle. Discret et ascétique, le peintre a élaboré, dans son atelier de la Croix-Rousse, un parcours pictural intransigeant, bordant les lisières de l'abstraction lyrique et de l'expressionnisme abstrait. Un an et demi après l'exposition consacrée au motif du Corps Imaginaire (1969-1974) de Paul Valéry, la galerie Houg se penche cette fois-ci sur les grandes toiles de la fin du siècle, puissants lieux de lutte artistique et de liberté expressive.
XXL par Henri Castella
Jusqu'au 17 mai 2025 à la galerie Houg (Lyon 2e) ; entrée libre
Idem

Sculpture / Membre fondateur du mouvement éphémère Supports/Surfaces, Claude Viallat est l'un des artistes français les plus connus et représentés à l'étranger. L'exposition de Lyon dévoile un pan moins connu de sa production, axé non seulement sur les sculptures, mais surtout sur les assemblages d'objets bruts récupérés, rencontres d'éléments déjouant le convenable et les conventions. En guise d'ancrage visuel, Idem est traversée par le fameux motif obsessionnel qui accompagne l'artiste depuis les années 60, forme de fruit du hasard rappelant un haricot écrasé, dont la répétition contrecarre le décorativisme et célèbre la vie des formes imparfaites.
Idem par Claude Viallat
Jusqu'au 24 mai 2025 à la galerie Ceysson & Bénétière (Lyon 1er) ; entrée libre
Arbres du ciel

Peinture / À Manifesta, Victor Puš-Perchaud dévoile Arbres du ciel, une exposition où la nature urbaine reprend ses droits. À travers huiles, aquarelles et supports de récupération, l'artiste peint la vigueur des plantes sauvages qui envahissent les friches, comme l'ailante ou l'arbre aux papillons. Inspiré par son enfance dans un jardin de la vallée de Chevreuse et par son atelier bordant les boulevards parisiens, Puš-Perchaud développe une approche sensible du vivant ainsi qu'une éthique de son environnement. Ses œuvres, empreintes d'érudition, célèbrent un réalisme presque magique, où le quotidien s'ouvre à l'imaginaire. Chaque toile est un fragment de paysage saisi entre culture et abandon, où peindre devient un geste de soin. Arbres du ciel propose une méditation sur l'émergence de la beauté dans l'ordinaire, promouvant une cohabitation avec le sauvage et le résilient, tout en fuyant le risque d'un regard conservateur sur l'écologie.
Arbres du ciel par Victor Puš-Perchaud
Jusqu'au 26 mai 2025 à Manifesta (Lyon 1er) ; entrée libre
Coupe-feu

Céramique / Les grès émaillés de Marie Pic, conçus explicitement pour sa première exposition personnelle investissant les espaces de la galerie Tator et de la capsule Bikini, matérialisant un espace liminaire qui fait vaciller toute exégèse. Ils ouvrent une dimension où le sens affleure sans jamais se donner tout à fait. Les œuvres, structurant les formes du vivant (comme le système nerveux des ailes de papillons) dans des créations qui évoquent tant l'orfèvrerie art déco que la ferronnerie phytomorphe(ayant ou représenté avec les attributs d'une plante). Celles-ci symbolisent des seuils, des discontinuités sans rupture, où l'invisible au-delà de l'œuvre devient le lieu d'une métamorphose à venir.
Coupe-feu par Marie Pic
Jusqu'au 30 mai 2025 à la galerie Tator et à la capsule Bikini (Lyon 7e) ; entrée libre
Hanami, contempler les fleurs

Collective / En ce moment, les fleurs envahissent non seulement les jardins et les parcs, mais aussi les espaces d'art de la ville. Après la Tomaselli Collection, c'est à la BF15 d'embrasser la nature et de réfléchir au hanami, la contemplation des fleurs propre à la culture japonaise, à travers une exposition collective particulièrement subtile. Un sentiment d'agréable mélancolie traverse les œuvres nimbées d'impermanence, laissant derrière elles, dans leur mouvement de disparition, des traces éthérées, insaisissables, où l'éphémérité se mue en spectacle. L'exposition fait résonner la prodigieuse image que l'ermite bouddhiste Ryōkan a laissée aux générations futures, sertie dans un haïku : « Tout autour de nous / le monde n'est plus / que fleurs de cerisier ».
Hanami, contempler les fleurs par Davide Bertocchi, Clément Bouteille, Frédéric Houvert, Angela Detanico & Rafael Lain, Yveline Loiseur, Rose Lowder, Laurent Masoero, Hugo Pernet
Jusqu'au 31 mai 2025 à la BF15 (Lyon 1er) ; entrée libre
Prières – Voyage chez les croyants du monde
Spiritualité / À Fourvière, Ferrante Ferranti orchestre un périple visuel où l'intime se mêle à l'universel. Ses clichés, capturés aux confins du monde, dévoilent des instants de recueillement, des gestes suspendus entre terre et ciel. Chaque image, loin de tout folklore, révèle une humanité en quête de sens, une aspiration à l'élévation. Le photographe, tel un passeur, convie à contempler ces fragments de silence, ces élans vers l'invisible, dans une co-implication entre foi et vie.
Prières – Voyage chez les croyants du monde par Ferrante Ferranti
Jusqu'au 1er juin 2025 au musée de Fourvière (Lyon 5e) ; de 0 à 6 €
Rock[s] Odyssée

Musique / Pendant trois semaines, les murs de la Maison des Passages vibreront au son d'une époque mythique. Bob Dylan, Mick Jagger, Tom Waits, Patti Smith, Björk, Téléphone, Les Rita Mitsouko, Alain Bashung, mais aussi les figures lyonnaises de Carte de Séjour et Starshooter s'y donnent rendez-vous — en images. À travers cinquante-six photographies signées Pierre Terrasson, grand témoin de la scène musicale des années 1980 et 1990, se déploie une fresque sensible et électrique. Loin de simples portraits figés, ces clichés racontent des instants suspendus, des confidences captées à la volée. Entre ombre et lumière, pudeur et éclat, cette exposition invite à redécouvrir les légendes d'hier avec l'intensité du présent.
Rock[s] Odyssée par Pierre Terrasson
Du 15 mai au 7 juin 2025 à la Maison des Passages (Lyon 5e) ; entrée libre
Talking corridor

Peinture & sculpture / Les espaces de la galerie n'accueillent pas un dialogue entre deux visions d'artistes, mais une juxtaposition signifiante produisant non pas des liens ou des renvois, mais une fulgurance, instant éblouissant et éphémère. Le travail pictural et sculptural de Cédric Esturillo, chargé de références au Quattrocento et au Surréalisme, et les superpositions d'images photographiques et d'huile de Lucas Zambon se rejoignent dans les orées de la connaissance humaine, lieux de passages physiques et métaphoriques où l'énigme s'empare du sensible, troublant toute certitude mondaine et accueillant l'au-delà du possible.
Talking corridor par Cédric Esturillo et Lucas Zambon
Jusqu'au 22 juin 2025 à la galerie Kashagan (Lyon 1er) ; entrée libre
80'

Estampe / Atelier, lieu d'édition, d'exposition et de résidence d'artistes, l'URDLA symbolise un savoir-faire exigeant qui fait résonner l'histoire. La tentative non exhaustive de récapitulation du travail d'une décennie – les années 80 – est au centre de l'exposition actuelle, visitable jusqu'au début de l'été, et structurée selon trois axes : l'attention portée aux artistes de la scène locale, les rapports avec d'autres aspects de la création tels que le théâtre et la littérature, et les liens avec des artistes déjà affirmés. 80' propose une traversée lithographique et hétérogène allant de Bob Wilson à Mario Merz, de Jacques Truphémus à Claude Viallat, de Marcia Hafif à Renzo Piano.
80' – Analecte / estampes cueillies dans les années 80
Jusqu'au 5 juillet 2025 à l'Urdla (Villeurbanne) ; entrée libre
Ces motifs qui habillent

Architecture & tissage / Nichée au quatrième étage du bâtiment conçu par Jacques Perrin-Fayolle, l'exposition met en résonance les architectures du quartier de la Part-Dieu, vues à travers l'œil du photographe Nicolas Fussler, et des échantillons choisis de la collection de l'École de tissage conservée par la bibliothèque municipale. Une juxtaposition signifiante en mesure de déployer une symphonie géométrique où se rejoignent la tradition de la soierie lyonnaise et l'art de construire les édifices contemporains, révélant des survivances ornementales inattendues et fascinantes.
Ces motifs qui habillent par Nicolas Fussler
Jusqu'au 12 juillet 2025 à la Bibliothèque de la Part-Dieu (Lyon 3e) ; entrée libre