La petite histoire / Au cœur de la Cité internationale, le Musée d'art contemporain est installé dans les vestiges de feu le Palais de la foire. Récit de cette aventure municipale à plusieurs branches qui prend racine bien avant 1995 et son ouverture aux abords de la Tête d'or.
Longtemps il y a eu un Palais de la foire entre le Rhône et le parc de la tête d'Or. Un ensemble de bâtiments imaginés par l'architecte (d'alors) de la ville de Lyon, Charles Meysson. Celui-ci a été construit sur pilotis car la zone est inondable et marécageuse. Comme la cité internationale actuelle, il y avait déjà une rue couverte centrale entre 1918 et 1926.
À l'époque, rares étaient les foires en Europe à posséder une telle surface et à ne pas user de bâtiments provisoires. Lyon était même la seule ville en France dans ce cas. Tout y était exposé (automobile, alimentation, horticulture...) jusqu'à une piste de ski construite dans les années 1930 ! En 1940, lorsque l'occupant les poussa à l'exode, des exilés se réfugièrent dans ce palais où ne tarda pas à trôner un portrait de Pétain. Après-guerre, toujours sous la houlette des maires Édouard Herriot (mort en 1957) puis Louis Pradel (édile de 1957 à 1976), la foire reprit son rythme. Mais dès 1960, elle n'était plus "universelle" et se concentrait sur certains secteurs en plein développement : le jeu et les jouets, l'ameublement, ainsi qu'un salon consacré à la quincaillerie, l'outillage, l'équipement ménager et le chauffage.
Peu à peu, le site n'était plus adéquat pour ses fonctions, notamment le stationnement devenu trop massif et inabsorbable : les voitures se garaient dans les allées du parc !
La Foire migra alors à Chassieu dans un Eurexpo flambant neuf, ouvert en 1985. Et, à la place du Palais de la foire, le projet de la Cité internationale prit forme sous la main de l'architecte Renzo Piano en lien l'aménageur Serl-Sari, déjà en charge du quartier de la Défense à Paris. Il était d'ailleurs prévu de tout raser mais des voix s'élevèrent contre cela et l'intervention de l'éternel ministre de la Culture Jack Lang permit de sauver un fragment témoin de l'époque passée : l'atrium et la façade du pavillon central du Palais de la foire, comme le relate Gérard Corneloup dans le Dictionnaire historique de la Ville de Lyon. C'est là que fut installé le musée d'art contemporain. L'ensemble, maintes fois remanié pour des raisons budgétaires, ne comprend pas de haute tour ni de tours jumelles comme prévu au cours des différents plans (6 au total !) mais des bâtiments à hauteur d'arbres. Côté Rhône, une coulée verte a été créée en bordure du fleuve. Elle se poursuit, aujourd'hui encore, jusqu'à Gerland.
De la Presqu'île au 6e arrondissement
L'art contemporain n'a pas attendu que soit complètement transformé cette arche nord-ouest extérieure au parc pour exister. En 1983, il a fait son entrée sur deux étages du musée des Beaux-Arts. Cela après que Lyon se soit doté d'un espace lyonnais d'art contemporain (ELAC) en 1976, situé dans le dernier niveau du centre d'échange de Perrache. C'est Thierry Raspail, conservateur venu de Grenoble, qui fut en charge de la section au palais Saint-Pierre. Il œuvra parallèlement à une manifestation annuelle, Octobre des Arts, devenue la Biennale d'art contemporain en 1991. C'est cette année-là que Michel Noir annonça installer le MAC dans la Cité internationale. Mais face aux coûts déjà engendrés par la rénovation en cours du musée des Beaux-Arts et de l'Opéra, face aussi au développement de l'art contemporain dans les villes voisines et un peu concurrentes de Grenoble et Saint-Étienne, le projet du déménagement du MAC a traîné. C'est l'État, volontariste en la matière, qui l'entérina. Les nouveaux locaux furent inaugurés en décembre 1995, en même temps que s'ouvrit la 3e édition de la Biennale, consacrée à l'art interactif et en mouvement, en ce centenaire de l'invention du cinéma par les Frères Lumière. Dès lors, cette manifestation prit une envergure internationale nouvelle (800 journalistes venus de 30 pays différent la couvrirent). L'ELAC cessa d'ailleurs de fonctionner, absorbée par le MAC.
Sur 6000m² (dont 3000 dédiés aux expos) et trois niveaux modulables, le MAC trouva sa voie et accueillit, à partir de 2005 des expositions monographiques à grand succès dans le sillage des blockbuster parisiens : Andy Warhol puis Keith Haring (2008), Ben (2010), Robert Combas (2012), Erró (2014), Yoko Ono (2016), Bernar Venet (2018). Il y eut aussi une série d'expositions consacrées à des zones du monde dont les artistes d'art contemporain sont alors peu connus : l'Inde (Indian Highway, 2011), le Brésil (Imagine Brazil, 2014), l'Asie du Sud-Est (Open Sea, 2015), Los Angeles (Los Angeles une fiction, 2017).
Outre ses 3 plateaux, le site comporte un auditorium de 72 places, un centre de documentation et même un café-restaurant. Et deux façades pour deux approches : l'une ancienne, côté parc, l'autre contemporaine face à l'UGC auquel est adossé le camion Truck d'Erwin Wurm datant de 2007. Si, contraint par son espace, le musée ne présente pas d'exposition permanente, les 1800 œuvres de sa collection, réalisées entre les années 1940 et aujourd'hui, trouvent tour à tour place dans les parcours temporaires et sont accessibles en ligne.
Depuis 2018, le MAC est dans le giron des "musées d'art de Lyon" avec le musée des Beaux-Arts qui l'a vu naître comme les musées de l'automobile Henri-Malartre, de l'imprimerie et la communication graphique et Gadagne qui ont été regroupés dans le pôle "d'histoire et de sociétés". C'est également depuis cette date qu'Isabelle Bertolotti est à la tête du MAC, succédant à Thierry Raspail.
Quelques dates :
1976 : Création de l'ELAC, espace lyonnais d'art contemporain
1983 : Installation d'un espace d'art contemporain dans le musée des Beaux-Arts
1985 : Le Palais de la Foire déménage à Eurexpo
1995 : Installation du MAC dans la Cité internationale, dans l'atrium de l'ancien Palais de la foire
2018 : Nomination de la directrice, Isabelle Bertolotti
Musée d'art contemporain
81 quai Charles de Gaulle, Lyon 6e
Ouvert du mercredi au dimanche, de 11h à 18h ; de 6€ à 9€, gratuit pour les – de 18 ans et les personnes non imposables
Exposition temporaire
Échos du passé, promesses du futur, la nature sublimée par le numérique
Jusqu'au 13 juillet
