Dissolution / Après la dissolution de la Gale en 2023, le ministère de l'Intérieur s'apprête à engager une procédure similaire contre la Jeune garde, autre groupe antifasciste lyonnais.
Le 29 avril, lors des questions au gouvernement, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé l'ouverture d'une procédure de dissolution à l'encontre de la Jeune garde, un groupe antifasciste fondé à Lyon en 2018. Une décision qui intervient dans le sillage de la dissolution du Groupe antifasciste Lyon et environs (Gale) en 2023.
La Jeune garde, qui s'est progressivement implantée dans plusieurs villes françaises, dont Strasbourg, Paris, Lille et Montpellier, est connue pour ses actions de terrain contre l'extrême droite. Le groupe utilise le symbole des Trois flèches, hérité des mouvements socialistes des années 1930, comme emblème de son engagement.
Une réponse politique à une interpellation du Rassemblement national
L'annonce de Bruno Retailleau fait suite à une question du député du Nord Sébastien Chenu (RN), qui a qualifié la Jeune garde de « milice de voyous d'extrême gauche ». Le ministre a précisé que « dans quelques heures, la procédure contradictoire contre la Jeune garde qui doit amener, je l'espère, à sa dissolution sera engagée ».
Cette démarche s'inscrit dans une stratégie plus large du gouvernement visant à dissoudre les groupes jugés extrémistes, qu'ils soient d'extrême droite ou d'extrême gauche. Cependant, elle soulève des questions sur la liberté d'association et la définition des limites de l'engagement militant. Le Conseil d'État devra se prononcer sur la légalité de cette dissolution, en examinant si elle est adaptée, nécessaire et proportionnée à la gravité des troubles susceptibles d'être portés à l'ordre public.
Un contexte de frictions entre groupes antifascistes et autorités
Raphaël Arnault porte-parole de la Jeune garde, aujourd'hui député LFI du Vaucluse, a réagi sur X en dénonçant une manœuvre politique orchestrée par l'extrême droite. Il affirme que la Jeune garde est « un outil antifasciste indispensable dans la période » et appelle à la mobilisation face à ce qu'il considère comme une tentative de destruction de l'antifascisme.
La Jeune garde a été impliquée dans plusieurs affrontements avec des groupes d'extrême droite, notamment lors de manifestations à Lyon et à Paris. En 2021, des heurts ont éclaté entre des membres de la Jeune Garde et le Collectif Némésis, un groupe identitaire se réclamant du féminisme, lors d'une marche contre les violences faites aux femmes.
Ces incidents ont conduit à des critiques de la part des autorités et de certains acteurs politiques, qui accusent la Jeune garde de promouvoir la violence. Le groupe a également été critiqué pour ne pas accorder suffisamment d'importance à la lutte contre le racisme au sein de son mouvement.