Resto-caviste / En plein cœur de la Presqu'île, une cave avec l'accent du sud : Octobre met en valeur la relève des vins méridionaux et une très jolie cuisine de saison pour les accompagner.
Nous voici à deux pas des Terreaux et on aperçoit le quai de la Pêcherie qui borde la Saône. Ce resto-caviste est pourtant tourné vers l'autre fleuve, le fleuve à vignobles. Sa carte recèle certes des pépites d'un peu partout – les vins du Puy en Bordeaux ou d'Henri Chauvet, en Auvergne, par exemple – mais sa partie consacrée à la vallée du Rhône (méridionale) interpelle plus particulièrement. Par son ampleur, notamment quand on la compare au reste, et parce qu'on y voit s'épanouir toute une nouvelle génération qui commence à faire parler d'elle.
La relève
Châteauneuf-du-Pape est une appellation mythique, dont les deux tiers de la production partent à l'export. C'est aussi un terroir qui s'est cru au-dessus des modes, au point que l'attention, des jeunes notamment, a fini par s'en détourner. À la fin, il reste les préjugés : des vins très denses, concentrés de figue, réglisse, cassis, pour plaire aux Américains. C'est cette image que vient bousculer la relève, qui arrive avec d'autres goûts, d'autres méthodes, un autre rapport à la vigne, ainsi que la nécessité d'anticiper le changement climatique. Une tendance qui est, par exemple, mise en avant chez le restaurant qui nous occupe aujourd'hui, Octobre. On y trouve Le domaine Mayard, Le Clos du Calvaire, Le domaine Élodie Jaume, Le domaine de Beaurenard... qu'ont-ils en commun ? Des cultures biologiques, ou biodynamiques, voire en agroforesterie, des fermentations en levures indigènes, souvent sans soufre, des élevages avec moins de bois, un peu plus de vivacité, pour des vins qui sont d'ores et déjà considérés comme de grands Chateauneuf-du-Pape. On les retrouve ici sur table à des prix vraiment contenus – ça reste un luxe, mais les mêmes vignerons produisent des cuvées de Côtes du Rhône, voire de Vin de France qui valent le détour.

On dirait le sud
L'accent des deux associés finit de les trahir, Mathieu Soulier et Olivier Chapuy sont deux amis d'enfance, nous arrivant tout droit du Vaucluse. L'un est un reconverti, ayant délaissé une carrière dans le digital ; le second a déjà travaillé en cave et en cuisine. Quelle drôle d'idée que d'avoir remonté le fleuve-roi vers des terres si frisquettes. On va s'en réjouir : les compères sont affables et ont la politesse d'agrémenter leurs bouteilles avec des assiettes ingénieuses. Un soir de pré-été, sur la petite terrasse, on a aussi pu apprécier de très belles asperges vertes (remontées dans leurs poches depuis la Provence), bien juteuses, qui s'associaient à merveille à des suprêmes de pamplemousse et pickles d'oignons rouges ; une friture de poulet un peu grassouillette mais qui surfait sur un brillant ajoblanco (gaspacho d'amandes), rehaussé de câpres et d'ail des ours ; des fenouils bien dodus et bien braisés ; une mousse au chocolat. On peut bien sûr visiter Octobre juste pour remplir son panier, mais franchement ce serait dommage de ne pas rester pour la soirée.

Octobre
24 rue de la Platière, Lyon 1er
De 19h à 23h30, fermé le w-e
Vin au verre : de 5 à 7€ ; assiette : de 6 à 15 €