Théâtre d'objets / Si sa sœur Raphaëlle est plus présente sur les plateaux lyonnais que lui, Camille Boitel est aussi un circassien qui joue avec les airs. Il présente "Le Poids de choses" et poursuit son exploration fétiche : celle des objets.
Fin juin, il s'apprête à créer au festival Montpellier danse son tout nouveau spectacle au titre muet : « », qui est « une déclaration d'amour à l'imprévisible, écrite avec la précision d'un accident », décrit-il. C'est une jolie manière de définir un parcours entamé dès l'enfance qui ne cède ni à la facilité ni à la mièvrerie. Juste avant le covid, il lançait ma, aïda, spectacle âpre saccadé (36 histoires en 50 minutes !) mais troublant par sa capacité à refuser toute linéarité. Des actes inaboutis s'enchainaient pour dire l'amour catastrophe sur un plancher voué à être massacré. Des chaises en équilibre, de l'illusion et des corps en apesanteur. C'est sa matière de cirque. Une discipline qu'il a entamée petit, avec sa sœur Raphaëlle (La chute des anges, Ombres portées et bientôt KA-IN à Saint-Priest puis aux Nuits de Fourvière), ainsi qu'avec sa mère, costumière pour le théâtre.
Ils ont quitté Montauban et ont épousé une vie parisienne de bohème. Pour se payer un premier stage de cirque, la fratrie a fait des spectacles dans la rue. Annie Fratellini les a remarqués. Ils avaient à peine dix ans lorsqu'elle les a pris sous son aile dans son Académie, une des quatre écoles majeures de la discipline en France, à Saint-Denis. Après avoir fait la rencontre et commencé à collaborer avec James Thierrée, il a rapidement fait ses propres pièces. Parmi elles, L'immédiat en 2009 qui a donné son nom à sa compagnie. Sans mot, mais dans le fatras d'un habitat en lambeau, il a tenté de se maintenir en vie avec ses acolytes. L'absurde n'était jamais loin.
Échouer lentement, recommencer
Jouant de son corps, cet acrobate, danseur, comédien et musicien chemine depuis quelques années avec Sève Bernard qui l'accompagne notamment sur Le poids des choses, créé en 2020. Pour la première fois, ils s'adressent aussi aux petits, dès 7 ans. Plus précisément, dit-il « si ce n'est pas une œuvre spécialement pour enfant, c'est une œuvre qui tente de s'adresser à l'ensemble des spectateurs, et c'est aussi, une manière de rassembler cette jubilation très spéciale du travail de mime et de manipulation de l'objet, que je pratique moi-même depuis l'enfance ». Il y est question d'« un homme attaqué par des chaises volantes, un homme qui fait baisser le sol sous lui, une balance qui pèse le vide, un escabeau appuyé sur l'air, un objet flottant, une planche aimantée à un corps, un énorme poids qu'on suspend et qui ne retombe jamais... ». Et de rendre ainsi le monde (sup)portable.
Le poids des choses
Samedi 7 juin 2025 à 15h et à 19h au TNG-Vaise (Lyon 9e), dans le cadre du festival Utopistes ; de 5 à 16 €