Environnement / Recenser les espèces dans sa commune, s'initier à l'écoute des chants d'oiseaux ou mener des enquêtes écologiques : le bénévolat pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO) séduit de nombreux Lyonnais. Rencontre avec celles et ceux qui donnent de leur temps pour les oiseaux.
On les croise à l'aube, silhouette fine dans la rosée, ou le soir, au détour d'une forêt, jumelles au poing. Depuis les années 90, la LPO Auvergne-Rhône-Alpes s'appuie sur l'expertise et la passion de ses bénévoles pour organiser des suivis naturalistes, qui vont de l'observation des oiseaux aux études sur les amphibiens ou les chauves-souris. En France, ils sont 13 000 adhérents, dont 500 à 1500 bénévoles actifs dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Xavier Birot-Colomb, chargé de mission à la LPO, souligne l'importance de l'accompagnement de ces passionnés : « On s'efforce de mettre en place des formations et de faire évoluer les bénévoles en fonction de leurs compétences, tout en prenant en compte le temps qu'ils peuvent investir ».
Car si l'élan est souvent là — une envie d'agir, un besoin de nature ou une curiosité scientifique —, encore faut-il trouver sa place dans un cadre structuré. « Il existe plusieurs types de formations : des modules payants, des sorties gratuites, des initiations, mais aussi des stages spécifiques sur des thématiques comme l'ornithologie, l'herpétologie [étude des reptiles et amphibiens ndlr] ou les chauves-souris », explique Clarisse Novel, coordinatrice de l'équipe communication. Ces formations sont dispensées par des spécialistes, directement sur le terrain.
Compter les oiseaux depuis son balcon
Et pour celles et ceux qui n'ont ni envie de se balader dans le marais ni d'acheter des jumelles, l'engagement peut commencer... sur le pas de la porte. Chaque année, la LPO, en partenariat avec le Muséum national d'histoire naturelle, organise plusieurs week-ends de comptage participatif dans les jardins. Le principe est simple : choisir un coin de verdure balcon, cour, parc public ou jardin privé —, observer les oiseaux pendant une heure, puis transmettre ses données via un formulaire en ligne. Aucun niveau requis, juste un peu d'attention et l'envie de se prêter au jeu. Ces observations, cumulées à l'échelle nationale, permettent de suivre l'évolution des espèces communes. La dernière opération a eu lieu les 25 et 26 mai et pour ne pas manquer les prochaines, il suffit de consulter le site de la LPO.
Une collaboration essentielle avec les collectivités et les structures externes
Dès les premières rencontres, les appétences et compétences sont cernées, permettant ensuite à chacun de s'orienter. Cela peut aller du recensement des martinets en milieu urbain, au suivi des migrations de rapaces, à la participation à des chantiers nature jusqu'à celle d'un groupe chauves-souris. Des missions plus spécialisées existent aussi, autour des reptiles, des micromammifères ou des pollinisateurs, souvent en partenariat avec la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL).
L'association entretient aussi des liens avec la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF), ainsi qu'avec des institutions scientifiques comme le Muséum national d'histoire naturelle. François Guélin, membre du conseil d'administration de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes témoigne : « Nos bénévoles contribuent directement à des projets de grande ampleur, comme l'atlas de biodiversité communale ou des études sur des espèces menacées. »
Une expérience donnant-donnant
La participation des bénévoles est capitale pour mener à bien ces études, mais ce n'est évidemment pas la seule raison pour laquelle certaines et certains choisissent de rejoindre la LPO. Bruno Molin, bénévole de 60 ans, illustre ce lien particulier qui l'unit à la nature : « Mon travail était stressant, j'avais besoin de m'évader. L'observation des oiseaux, la photo, sont devenus mon équilibre. Ce que j'aime dans ces sorties, c'est cet émerveillement, la découverte, tout simplement. »
Loin de l'image d'Épinal du bénévole contemplatif, la LPO, comme d'autres associations de terrain, endosse aussi des missions de vigies dans la surveillance d'espèces protégées, la médiation faune-société ou l'alerte en cas de destruction de milieux ou de pollution. « Ils nous alertent sur un changement de situation, une disparition, une destruction... Ils ont une connaissance fine de leur secteur. » explique Clarisse Novel, coordinatrice de l'équipe communication.
Bruno Molin l'a expérimenté. Près de chez lui, des nids d'hirondelles ont été mystérieusement détruits, visiblement par la main de l'homme. Il a documenté et prévenu la LPO qui a pris le relais, alertant les pouvoirs publics et entamant des négociations avec la commune. Pour rappel, la destruction de nids d'hirondelles est formellement interdite. D'apparence modeste, son geste a des effets bénéfiques pour la sauvegarde de la biodiversité : « Ils nous transmettent des cas concrets, ou simplement des données brutes mais cruciales. Sans eux, une partie du territoire nous échapperait.. » observe Xavier Birot-Colomb.