Les Amours d'Astrée et de Céladon

d'Éric Rohmer (Fr, 1h49) avec Andy Gillet, Stéphanie de Crayencour...


Notre légendaire honnêteté intellectuelle nous oblige à signaler en préambule qu'au bout d'1h15 du dernier Rohmer et à la faveur d'un cassage de bobine impromptu, nous avons sciemment déserté la salle... Ceci dit, ces 75 minutes-là avaient poussé nos nerfs, eux aussi, jusqu'à leur point de rupture. Renouant avec sa pire veine (celle de Perceval le Gallois !), Rohmer s'empare d'un classique (?) de la littérature médiévale qu'il adapte avec la plus pénible des littéralités, allant jusqu'à assumer ses anachronismes (l'action se passe dix siècles avant le moment où le texte a été écrit). Mais ce qui intéresse Rohmer, c'est surtout d'être en terrain connu : entre vaudeville et conte moral, fantaisie érotique et monument de chasteté chrétienne. Le film se moque bien d'être joué par des acteurs médiocres (surtout l'espèce de barde et son sourire crispant, en mauvaise - involontaire ? - parodie d'Edouard Baer) ou de sa crédibilité, même approximative (les gardes gaulois échappés du parc Astérix !). Peu importe, tant qu'il peut dérouler d'interminables stratagèmes amoureux, ou même des cours d'histoire de la peinture, aussi doctes qu'inutiles et pédants. L'essentiel, c'est la fidélité de Rohmer à son cinéma, ou mieux encore, à son prestige d'auteur. Mais le prestige, avec des films pareils, il en prend quand même un sacré coup !CC


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Sicko