Oz, saison 2

TOM FONTANA/BARRY LEVINSON


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Retour à Oz, prison américaine ordinaire, pour une deuxième saison qui, près de dix ans après sa diffusion, n'a pas pris une ride, au contraire. Lendemain d'émeute, tout est par terre, tout est à refaire. Pour Fontana, créateur de la série, les fumigènes dissipés, c'est sa métaphore qui se fait plus transparente : Oz, c'est une vision schématisée, donc limpide, de la démocratie américaine. Le pouvoir s'y divise équitablement au départ entre chaque communauté (musulmans, gays, noirs, aryens, italiens et... «autres» !), mais tout finit par se régler selon la loi du plus fort. Sans parler du fait que, plus que jamais, la ligne entre l'ordre et le chaos s'efface inexorablement. On s'arrange, entre gardiens et détenus, politiques et voyous, pour que rien ne change... Et quand un gouverneur de droite corrompu dresse un portrait effrayant de son électorat comme une bande de moutons bêlant leur parano sécuritaire, on se sent soudain en territoire idéologique trop bien connu. L'intelligence absolue de cette deuxième saison, c'est sa capacité à faire coexister le concept de départ (huis clos oppressant avec un narrateur introduisant chaque épisode à la manière d'un chœur antique) avec sa nature de feuilleton et ses envies de brûlot politique. C'est ainsi qu'à travers la terrible relation entre Beecher, avocat alcoolo et infanticide, et Schillinger, néo-nazi dangereux et incapable de s'amender, on verra que, comme dans un bon vieux Fassbinder, l'amour est vraiment plus froid que la mort dans un monde où règne la raison du plus fort. Vivement la suite...CC


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