Marie Darrieussecq

Tom est mort


P.O.L
«Tom est mort. J'écris cette phrase». Voici comment débute le nouveau roman de Marie Darrieussecq. La narratrice est une femme de quarante-cinq ans qui revient, dans son journal intime, sur la mort de son fils Tom, survenue dix ans plus tôt alors qu'il était âgé de quatre ans et demi. Les circonstances de sa disparition ne seront connues qu'à la toute fin du livre, après que cette mère eut ressassé les stigmates indélébiles de cette perte brutale. Comment exprimer cela ? En quoi le langage est-il apte à prendre un compte un événement comme celui-ci ? Comment la littérature peut-elle se saisir d'une telle réalité ? Telles sont les questions que Marie Darrieussecq souhaitait poser avec l'écriture de ce roman. Elle ne se doutait certainement pas que sa parution allait en poser encore plus, et notamment sur la «légitimité», pour un écrivain, d'aborder par la fiction, un drame aussi sensible. C'est ce que lui reproche, entre autres, une autre auteur de P.O.L, en l'occurrence Camille Laurens, qui voit en ce livre un «plagiat psychique» par rapport à l'un de ses ouvrages et à son expérience personnelle. Celle-ci avait en effet, il y a une dizaine d'années, publié un récit sur la mort de son propre enfant intitulé Philippe. L'auteur de Dans ces bras-là prétend que le texte de Darrieussecq en est largement inspiré. Soit, et cela est à vérifier. Ce qui paraît plus surprenant est cette idée que les écrivains auraient ou non le «droit moral» d'aborder tel ou tel sujet en fonction de leur (absence de) vécu. Soyons sérieux... YN


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JOSÉ GONZALEZ