Rachel Cusk

Arlington Park


L'Olivier
La comparaison était trop évidente... En écrivant Arlington Park, chronique grinçante d'une poignée de «desperate housewives» britanniques, la romancière allait-elle se contenter d'une version littéraire de la réjouissante série du même nom ? Certes, les figures de femmes que l'on retrouve ici sont du même acabit. Le temps d'une journée, on retrouve chacune d'entre elles se débattant dans le piège inextricable qu'est devenue leur existence : un pavillon de banlieue à entretenir, un mari à supporter, des enfants à élever et, surtout, une profonde dépression à assumer... Certes, la construction romanesque, constituée de va-et-vient entre les différentes (anti) héroïnes, est elle aussi très proche de la manière dont nous sont contées les aventures des filles de Wisteria Lane. En revanche, là où Rachel Cusk innove, c'est dans sa manière toute personnelle de transcender le quotidien de ces petites-bourgeoises étriquées en un laboratoire d'analyse du comportement humain face aux frustrations et aux échecs de l'existence. De Juliet à Amanda, en passant par Solly (Lynette Scavo ?), qui s'apprête à mettre au monde un quatrième enfant tout en redécouvrant des émois amoureux dignes de l'adolescence, c'est toute une réflexion autour des choix de vie, du sens du sacrifice et de la négation de ses désirs les plus ardents que pose ce roman enlevé, drôle et finalement assez profond. Profitez-en car, a priori, il n'y aura pas de saison 2 ! YN


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JOSÉ GONZALEZ