Éric Reinhardt

Cendrillon


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Et si le livre d'Eric Reinhardt mettait un terme à l'opposition caricaturale entre autofiction et fiction, introspection et universalité, variation intimiste et roman monde ? En mêlant un travail «autobiographique» déjà entamé dans ses précédents livres (notamment Le Moral des ménages) à la veine sociologique et réaliste qui faisait le prix de son précédent opus, Existence, il donne l'un des romans les plus ambitieux et les plus vertigineux de cette rentrée littéraire. Un roman dans lequel il est question des obsessions d'un écrivain nommé Éric Reinhardt, dont le «système littéraire» tourne autour d'un imaginaire constitué d'une saison fétiche (l'automne), d'un culte voué aux cambrures de pied et à la poésie de Mallarmé, d'une fascination pour le Palais-Royal et d'une identification à la figure de Cendrillon. Un roman, aussi, où par la création de trois de ses avatars «synthético-théoriques», l'écrivain nous plonge dans des questionnements et des microcosmes du monde contemporain : la finance internationale et ses fonds d'investissement par le prisme de Laurent Dahl, le trader multimillionnaire ; la pornographie conjugale, au travers de l'aliéné de la Toile Thierry Trockel ; l'exclusion sociale et la folie meurtrière, dans le sillage de Patrick Neftel, dont le parcours rappelle celui de Richard Durne, le tueur de Nanterre. Autant de destins qu'Éric Reinhardt, comme eux issus d'une classe moyenne marquée par l'humiliation et l'échec, auraient pu connaître, selon lui. C'était sans compter l'apparition de Margot, la fée dont l'apparition a bouleversé l'existence et qui permet aujourd'hui à Reinhardt de participer au bal... YN


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JOSÉ GONZALEZ