Hairspray

d'Adam Shankman (ÉU, 1h56) avec Nikki Blonsky, John Travolta...


Certes, le film original de John Waters marquait l'accession de ce dernier à un cinéma quelque peu plus mainstream, mais son légendaire mauvais goût subversif y était tout de même présent. Sous couvert de fable kitsch à souhait, l'auteur y réglait des comptes avec l'Amérique ségrégationniste et obtuse des années 60, à grands coups d'échos séditieux avec celle des années 80. Ici, Adam Shankman (à qui l'on devait déjà ce parangon d'idéologie réactionnaire expliquée aux touts petits, Baby-Sittor avec Vin Diesel) préfère focaliser toute son énergie sur les numéros musicaux que sur le contexte de l'époque ou ses résonances actuelles. Passé ce procès d'intention, force est de reconnaître que Hairspray nouvelle version perd ainsi toute saveur, tout goût, et du coup, tout intérêt. Le film devient l'exemple parfait du lissage à l'œuvre aujourd'hui dans l'industrie du divertissement, où même les artistes les plus provocateurs finissent par rentrer dans le rang, quitte à renier complètement leur propos originel. Pour qui n'a jamais entendu parler de John Waters, qui glousse de plaisir rien qu'à l'idée de voir John Travolta en femme obèse, qui trouve que les gros sont rigolos et que les noirs ont le sens du rythme, c'est le film parfait. FC


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