THE POLYPHONIC SPREE

The Fragile Army / Institute / Socadisc


Sur ses deux premiers albums, The Polyphonic Spree (pas moins de 25 membres) avait démontré que les polyphonies n'étaient pas juste un moyen de faire couler le fromage corse, s'imposant même comme un pionniers des fanfares pop (suivi ensuite par Broken Social Scene ou I'm from Barcelona). Chorale gospel baptisée dans un océan de psychédélisme, chœurs de l'Armée Rouge chantant une version d'All You Need is Love composée par Lénine-McCartney, les texans sont restés aussi insaisissables que leurs envolées lyriques. Auparavant adeptes de la toge immaculée (ce qui leur a valu d'être apparenté à une secte pastorale et même au Ku Klux Klan), ils ont cette fois enfilé l'uniforme noir de «l'armée fragile». Les polyphonies en sont logiquement plus corsées, les rythmiques plus martiales (Running Away), les guitares plus belliqueuses (Get up and go), les cuivres plus célestes (We crawl). Surtout, comme ses cousins d'Arcade Fire, le groupe du roi-prêcheur Tim DeLaughter est passé maître dans l'art d'appliquer musicalement la théorie du Chaos. Et d'en tirer des tubes imparables à l'euphorie indescriptible, ivres de cette joyeuse grandiloquence qui transcendait jadis Mercury Rev. Plus déterminée que jamais «l'armée fragile» attaque en rafales, sans répit. Avec cet enthousiasme benêt qui anime toujours la chair à canon quand l'héroïsme est encore une abstraction et l'apocalypse une vue de l'esprit. Autrement dit, quand les fusils sont encore chargés de fleurs. SD


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ELVIS PERKINS