BARBET SCHROEDER

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Décrié dans nos colonnes, Le Dernier Roi d'Écosse de Kevin McDonald aura au moins eu un intérêt. Celui de dépoussiérer ce documentaire hallucinant, unique et glaçant sur le dictateur ougandais Idi Amin Dada (les deux films sortent en DVD à quelques jours d'écart). Barbet Schoeder, trente ans avant de s'atteler à son magistral portrait de Jacques Vergès, explorait déjà sa fascination pour le mal et ses justifications idéologiques foireuses. En 1974, il a suivi pendant un mois le tyran, qui y voyait l'occasion d'étaler en long, en large et surtout en travers sa vision du monde, son renouveau biaisé de l'Afrique, son caractère faussement bonhomme qui trahissait une véritable psychopathie et sa soif d'emprise. Le film fut d'ailleurs remonté à sa demande lors de sa première sortie en salles – Idi Amin Dada menaçant la vie de ressortissants français en Ouganda pour que Schroeder coupe des commentaires et autres scènes explicatives. Sous la pression, le cinéaste a revu sa copie et a rebaptisé le film Autoportrait, mais même sans ces séquences, le film a le mérite de parler de lui-même, de laisser le dictateur se contredire et de le confronter à ses pires paradoxes. En l'état, le film est un regard inégalé sur le néo despotisme, qui parvient toujours à tétaniser malgré ses décennies d'existence et la disparition du monstre qu'il dépeint. Indispensable. FC

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