QUEENS OF THE STONE AGE

Era Vulgaris / Interscope / Polydor


Esprit fin dans un corps de menhir, le Queen father Josh Homme (ça ne s'invente pas) n'a de cesse d'éprouver une recette musicale pourtant taillée dans le roc(k). C'est ainsi qu'il a pu transcender son stoner rock (mélange de rock psyché et de metal, généralement trop bourru pour susciter l'intérêt), jonglant comme un beau diable avec les genres et les collaborateurs (ici, Julian «Strokes» Casablancas ramène son slim sur Sick, Sick, Sick). Et voici Era Vulgaris, sur lequel Homme a compris que le Diable doit séduire plus qu'il ne doit effrayer (n'est-ce pas Dieu qui est censé inspirer la crainte ?). Et en même temps assimilé le pouvoir méphistophélique de la pop qui loin d'édulcorer le propos a le pouvoir de pimenter rengaines bruitistes et roulements de muscles (River in the Road, monumental), les apprêtant de telles sortes qu'après nous avoir charmés, femmes fatales de film noir, elles nous laissent pour morts (3's & 7's). Une approche musicale duplice comme mise en abîme d'une époque mercantile où tout est à la fois séduction et arnaque. Sur le racoleur I'm designer, constat d'une génération à vendre, notre Homme avoue : «je suis une pute de luxe». Des attraits affolants (Make it Wit Chu, boogie infernal qui envoie un Bowie soul tapiner dans le désert) mais qui se paient très cher, c'est effectivement la définition d'une pute de luxe. De ce point de vue, les QOTSA sont de sacrées gagneuses : ils savent mieux que personne vous vendre votre propre déchéance. SD


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DON CAVALLI