Les Leçons de cinéma

Édition établie par Antoine de Baecque / Festival de Cannes / Panama


C'est en 1991 que le Festival de Cannes a pour la première fois mis en place un rendez-vous annuel, intitulé Leçon de cinéma, durant lequel un cinéaste majeur venait parler de son travail, mais aussi de son rapport au 7e art, de son univers, de ses références... Quinze ans après, l'ensemble de ces sessions est réuni dans un ouvrage passionnant qui nous mène sur les expériences de réalisateurs aussi divers que Stephen Frears, Ousmane Sembene, Youssef Chahine ou Francesco Rosi, qui fut le premier à se prêter au jeu. Des leçons qui ont plutôt l'allure de «conversations de cinéma» (dixit Sydney Pollack), en ce sens qu'elle ne transmettent pas une méthode de fabrication, mais plutôt ce que Nanni Moretti appelle une «histoire de son rapport au cinéma». On en apprend pourtant énormément, et notamment sur les étapes qui rythment la création d'un film et les rapports du cinéaste avec ses différents collaborateurs : le scénariste (que Tavernier appelle le Ministre de l'opposition), le directeur photographique (dont Wong Kar Wai dit qu'il préfère lui transmettre la musique plutôt que le scénario pour l'imprégner de l'ambiance du film), le chef opérateur (évoqué par Oliver Stone comme un complice et un potentiel «ennemi» du cinéaste), le chef monteur («un écrivain du cinéma», dit André Delvaux, pour qui le montage a un rôle déterminant) et bien sûr, les acteurs, lors d'un tournage que Wim Wenders appelle «l'acte de la vérité». Autant de pierres à la fabrication du film, un édifice fragile et obsédant dont la quête pourrait être, selon Milos Forman, de «dire la vérité sans être ennuyeux». YN


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