Steve McQueen

PREFAB SPROUT / Kitchenware / Sony-BMG


Le jour où l'on se penchera plus avant sur les années 80 (quand on en aura fini avec Mai 68 par exemple), on s'apercevra que sous les dollars et les épaulettes se cachait une poignée d'albums d'importance : du Queen is Dead des Smiths au Spirit of Eden de Talk Talk en passant par le 16 Lovers Lane des Go-Betweens. Steve McQueen est de ceux-là, comme le rappelle sa récente réédition : en dépit d'une production datée, il souligne le talent de songwriter du taciturne Paddy McAloon. Derrière l'hommage affiché à La Grande Evasion de John Sturges (sur la pochette le groupe pose sur la fameuse Triumph du film), on y trouve que des chansons d'amours défaits à la classe folle. Montées en chantilly pop par cet orfèvre capable de flirter, en 1985, avec Bacharach et Jobim sur Horsin' Around, ce que tout le monde fera, mais dix ans plus tard. On s'est souvent demandé ce que ces chansons donneraient aujourd'hui, avec une production moins clinquante, plus organique. On en a une idée précise avec la vraie bonne idée de cette réédition : un deuxième CD sur lequel McAloon reprend, 22 ans après, la quasi-totalité des titres de Steve McQueen dans des variantes acoustiques dépouillées et bouleversantes (comme ce Faron Young à la sauce flamenco ou le sublime Desire As). Écouter ces versions après celles de l'album original c'est un peu comme découvrir que la fille sophistiquée draguée en boîte la veille est, divine surprise, encore plus belle au réveil, avec un bas de jogging et du sommeil plein les yeux. SD


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