Dream on, saisons 1 et 2

JOHN LANDIS / Universal Video


Martin Tupper, éditeur New-Yorkais quadragénaire, n'arrive pas à accepter de divorcer de Judith, son grand amour. Mis devant le fait accompli, il se réveille un matin et décide de multiplier les frasques sexuelles, généralement foireuses. Mais voilà : Martin Tupper est un enfant de la télé, et son cerveau est comme relié à un flux continu d'images tirées de vieux films et de vieilles séries qui font écran entre les situations qu'il traverse et la manière dont il y réagit. C'est tout le dispositif conceptuel de cette sitcom pionnière (diffusée à partir de juillet 1990 sur HBO) qui marqua l'apogée de la carrière du génial John Landis, et le début de celle de David Crane et Martha Kauffman, les deux autres créateurs de la série qui ensuite feront leur beurre avec le fameux Friends. L'utilisation d'extraits en noir et blanc n'a rien de nostalgique, il s'agit davantage d'un commentaire ironique sur la misérable existence de Tupper, anti-héros largué et attachant. Plus un karaoké qu'un blind test en définitive, et surtout l'occasion de montrer comment les ficelles grossières d'hier sont devenues les codes digérés des fictions d'aujourd'hui. Passablement hilarant (notamment le pilote de la saison 2, avec James Woods en avocat déjanté), Dream on est aussi un portrait judicieux de cette génération de cadres parvenus ayant eu la belle vie dans les années 80 sous Reagan et qui se rendent compte, au premier coup dur, de leur incapacité à faire face à la réalité. Entre satire et pure comédie de mœurs, Dream on n'a pas pris une ride.CC


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Chalut