Les Sopranos, saison 6

DAVID CHASE / Warner Home video


Alors que la plus incroyable des séries HBO entre dans son crépuscule (plus que 9 épisodes à venir…), ses mafieux ordinaires du New Jersey voient aussi les années blanchir leurs tempes. Cancers, crises cardiaques, sénilité : la mort rôde tout au long de cette remarquable sixième saison, mais ce ne sont presque jamais les flingues qui parlent, juste le temps, plus impitoyable que tous les règlements de compte. La série elle-même semble comprendre que l'horloge tourne : de plus en plus audacieuse dans ses ruptures de rythme et de ton, elle prend plaisir à tuer dans l'œuf tout ce qui pourrait relancer la machine feuilletonnesque. Du coup, jamais l'écriture n'avait été aussi surprenante, aussi habile dans le contre-pied et le rebrousse-poil, et on défie quiconque de deviner où le scénario nous emmènera d'une séquence à l'autre. Cette liberté-là, c'est aussi la capacité d'inscrire Les Sopranos dans un contexte éminemment contemporain : le temps d'une sous-intrigue inattendue qu'on croirait sortie d'un Téchiné ou par de nombreuses références à la politique américaine (les arrestations arbitraires de musulmans, par exemple…), les scénaristes dédoublent régulièrement leur posture en se faisant chroniqueur aiguisé du monde d'aujourd'hui. Rien à jeter donc, du coup de tonnerre du premier épisode jusqu'à l'épilogue éminemment ironique, en passant par la virée parisienne, élégiaque et émouvante. Splendide, tout simplement splendide !CC


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