Hissing Fauna, Are You The Destroyer ?

OF MONTREAL / Polyvinyl / La Baleine


Difficile à croire, mais le disque le plus réjouissant du moment, celui qui va si bien avec le printemps, est le récit d'une sale déprime. Celle traversée au moment de la conception d'Hissing Fauna, Are You The Destroyer ? par Kevin Barnes, leader retors d'Of Montreal. Lequel n'est pas du tout canadien mais originaire d'Athens, pas en Grèce mais en Géorgie, la Géorgie américaine pas ex-soviétique : il a simplement baptisé son groupe après s'être fait lourder par une fille... de Montréal. On comprendra donc que Barnes n'est pas du genre à s'abandonner à la facilité et à l'évidence. Quand il a envie de se foutre en l'air, ses textes le disent sans détour mais sa musique le contredit promptement. De la race des petits génies légèrement schizophrènes capables de se prendre pour Prince (Faberge Falls for Shuggie) ou Sly Stone (Gronlandic Edit) pour se muer dans les minutes qui suivent en héraut post-punk (The Past is a grotesque animal, point culminant et de renversement de l'album), il pourrait aisément passer pour un touche à tout doué pour l'imitation mais pas nécessairement inspiré. C'est mal connaître Kevin Barnes, authentique barjo intello (il chante son amour pour les filles qui apprécient George Bataille) : en quête permanente du Graal pop, il accouche de tubes comme on enfile des perles. Mais des tubes à essais, remplis de toutes sortes de produits comme sur Heimdalsgate Like A Promethean Curse, hymne électro-pop aux anti-dépresseurs. Lui en a visiblement pris beaucoup, mais pour ceux qui écouteront cet album, ils seront à jamais inutiles. SD


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S/T