Un plaisir trop bref (Lettres)

Truman Capote Éditions 10 / 18


Contrairement à de nombreux écrivains qui voient en leur correspondance un prolongement de leur œuvre et qui y apportent la plus grande rigueur, les lettres de Truman Capote sont tellement spontanées et directes qu'elles constituent un document d'une très grande intimité. Ce n'est donc pas dans leur forme que ces missives présentent un intérêt, mais bien dans ce que l'on peut y apprendre d'une des personnalités les plus fascinantes de la littérature du XXe siècle. De la première lettre, adressée à son père biologique pour lui annoncer son changement d'identité (Capote était né Truman Persons) à son dernier télégramme, envoyé quelques mois avant sa mort à son éternel complice Jack Dunphy, c'est plus de quarante ans d'existence qui se déroulent au fil d'un livre qui constitue en définitive une autobiographie épistolaire absolument inespérée. Scindé en quatre parties et remarquablement mis en valeur par Gerald Clarke (qui fut son biographe), cet ensemble de lettres nous permet de découvrir un homme consumé par le besoin d'être aimé, parfois drôle, souvent cruel, constamment enjôleur. On retiendra bien sûr les nombreuses références à son œuvre en cours, et particulièrement la série d'envois qui correspond à la période douloureuse où il rédige De Sang Froid, le livre qui fera de lui la mascotte des soirées new-yorkaises. Un état de grâce suivi d'une plongée progressive dans l'alcool et la drogue que les rares et brefs télégrammes envoyés permettent de suivre avec émotion, alors que Capote tente tant bien que mal de mettre un terme à son dernier roman, Prières exaucées, qui restera inachevé. YN


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