Edmond

STUART GORDON / Wild Side vidéo


Et allez ! Encore un inédit qui vaut mieux que 95% des films sortis en salles depuis le début de l'année ! Le beau pays de la «diversité culturelle» qui se résume cinématographiquement à de la daubasse nationale, du blockbuster frelaté et du cinéma Télérama passe à côté de tout ce qui échappe au consensus et provoque de réelles émotions. Ici, c'est le réalisateur de Re-Animator (par ailleurs auteur d'un épisode pas dégueu des Masters of horror) qui adapte une pièce de l'immense David Mamet avec le formidable William H. Macy en costard-cravate qui pète les plombs, tombe la veste, plaque sa femme et va s'encanailler dans les quartiers louches. Au début, on pense à un remake de Chute libre, puisque le héros s'y découvre une nouvelle jeunesse en laissant parler ses instincts racistes et violents contre le moule politiquement correct de l'époque. Mais comme ce ne sont pas des fachos qui tiennent la plume et la caméra, Edmond va s'avérer infiniment plus complexe, prenant la tangente vers une étonnante réflexion philosophique sur l'homme, sa perpétuelle solitude et sa quête insatisfaite d'amour qui le poussent lentement vers le nihilisme et la haine, des autres et de soi. Ce qui est vraiment beau, c'est que cette ambition n'est jamais revendiquée comme une pose auteuriste ; le film garde un côté série B nous ramenant tout droit vers les années 80, vers un cinéma qui osait dire des choses justes dans un cadre modeste. Trop modeste sans doute pour une époque où frime, fric et cynisme font la loi !CC


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