THE HIGH LLAMAS

Can Cladders Drag City / Discograph


L'Irlandais Sean O'Hagan n'a toujours eu qu'une seule et unique obsession : le mystérieux génie musical de Brian Wilson. Depuis 1992, il n'a de cesse, avec ses High Llamas, de chercher la pierre philosophale de l'art wilsonien. Particulièrement sur les trois premiers albums du groupe (Santa Barbara (92), Gideon Gaye (94), Hawaii (96)) qui ont fait des High Llamas les plus nobles vassaux des Beach Boys. Suffisamment malin pour ne pas jouer les épigones maniaques, O'Hagan a toujours adopté une posture modeste qui ne sert que mieux son ambition. Travaillant non pas sur la citation mais sur la résurgence, qu'il saupoudre de délicates intentions easy-listening ou bossanova. Can Cladders, comme le précédent Beet, Maize and Corn, témoigne à merveille de l'évolution acoustique des Llamas. S'ils creusent toujours le même sillon (le très beau Sailing Bells), ils s'autorisent, le swing au creux des reins, des zigs soul et des zags baroques (Winter's day, Clarion Union Hall). Pour cela O'Hagan s'est adjoint les services d'un quatuor à cordes qui enveloppe les plages ensoleillées de ses fantasmes d'une douce brume de nostalgie, éclaircie par un cocktail de chœurs féminins, de harpes et de marimbas. Le résultat est évidemment impeccable, comme ce Rollin' qui, avec pour seules paroles «We say hi to the rivers and the mountains», sauvera du naufrage tous vos jours tristes. «La personnalité est une suite ininterrompue de gestes réussis», disait Fitzgerald. Les High Llamas en ont bien plus que leur réputation de néo-Beach Boys ne le laisse croire. SD


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La Voix