Carnival of souls

HECK HARVEY Le Chat qui fume


Depuis des années, ce film circulait dans son édition DVD américaine chez Criterion et la rumeur enflait sur son caractère mythique (il n'est jamais sorti en France). Un nouvel éditeur ambitieux et exigeant (ils ne sont plus nombreux à connaître le pluriel de «bonus»...), Le Chat qui fume, le propose aujourd'hui en zone 2, et on découvre une série B particulièrement fauchée (tournée pour 30 000$), souvent au bord du grotesque, mais excitante grâce à quelques séquences si marquantes qu'elles ont visiblement influencé de nombreux cinéastes contemporains. Le pitch est simplissime : une voiture tombe dans une rivière, et seule une jeune femme en réchappe, amnésique et rapidement envahie par des visions étranges, celle notamment d'un homme mystérieux et inquiétant. Tout spectateur un tant soit peu perspicace devinera l'astuce finale, mais il est vrai qu'à l'époque (1962), Carnival of souls jouait les pionniers en inventant la fameuse pratique du twist scénaristique. Tout comme il était l'un des premiers à inscrire son fantastique dans un contexte réaliste et documentaire, loin des studios, cinq ans avant Romero et sa Nuit des morts-vivants. Mais le plus flagrant reste cet homme-mystère, matrice évidente de celui de Lynch dans Lost Highway : le plan où il fonce mains ouvertes vers l'objectif sera reproduit par le maître trente ans plus tard... Pour une œuvre aussi cheap, pas très éloignée de celles d'Ed Wood, voilà une sacrée postérité !CC


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