Volem rien foutre al païs

de Pierre Carles, Christophe Coello, Stéphane Goxe (Fr, 1h47) documentaire


Depuis qu'il est persona non grata sur les écrans télé, Pierre Carles s'est fait de nouveaux potes avec qui il concocte des tracts d'extrême-gauche qui atterrissent dans les cinémas comme on demande l'asile politique. C'est peut-être l'ironie la plus intéressante de Volem rien foutre al païs : il n'y a pas de cinéaste derrière, le film est un grand zapping qui empile des images inédites, en recycle d'autres, chaque séquence induisant une réflexion autonome plus qu'un propos cohérent. C'est donc un acte de résistance salutaire contre le discours ambiant qui veut que le travail soit la lumière à partir de laquelle on juge de la valeur d'une vie. Certaines séquences se passent de commentaire : la visite de Michel Rocard au MEDEF expliquant que «la lutte des classes a fait son temps», le clip reaganien de Nicolas Sarkozy, le stage où un jeune Anglais se place sans haine et avec lucidité hors du système, ou le dialogue de sourds entre un patron et ses contradicteurs pour savoir si c'est l'entreprise ou le client qui fait naître le besoin. D'autres créent le malaise et ouvrent le débat : la communauté cradingue dont les réflexions politiques sont au ras des pâquerettes, la quasi-justification de l'action violente contre la violence feutrée du libéralisme. Mais on insiste : il manque là un geste de cinéma qui permettrait de transformer en œuvre ce qui n'est qu'une suite de pièces à charge versées au dossier...CC


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Intégrale autobiographique