THE SHINS

Wincing the Night Away / Sub Pop/Pias


Petite leçon de géographie : l'Oregon est un État du nord-ouest des États-Unis, on y trouve des forêts, de la pluie et les Portland Traiblazers, une équipe de NBA aux résultats navrants. Dans l'Oregon, le meilleur débouché possible consiste à devenir garde forestier et à attendre bien sagement d'être écrasé par un arbre. C'est pourtant là que les Shins ont choisi de produire leur pop aurorale et sophistiquée. Car au lieu de compter les fougères, comme leur look de garde forestier pourrait les y inciter, ces quatre gars originaires du Nouveau Mexique enregistrent des disques qu'ils décorent de chansons gracieuses : New Slang, Pink Bullets ou Saint Simon seront un jour des classiques enseignés à l'Université de la Pop. Le nouvel album Wincing the Night Away, s'il n'atteint pas les sommets du précédent Chutes too Narrow, ne déroge pas à la règle. Beach Boys des profondeurs (l'immense Phantom Limb), Byrds embrumés (Turn on Me), Big Star écliptiques (Girl Sailor), les Shins connaissent par cœur le rayon «B» de la discothèque idéale. Ici, rythmiques de berceuses ou beats R'n'b (Sea Legs) noyautent claviers flottants et guitares cosmiques (le néo post rock Sleeping Lessons), sous des bruines d'harmonies vocales. Plongeant leurs ors mélodiques dans la matière noire, les Shins savent mieux que quiconque emballer d'un écrin flou des édifices tordus qui font exploser les nuages. Voilà, pourquoi, au finale, l'Oregon leur va si bien. Là bas, il n'y a que ça, des nuages. SD


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