Blood diamond

d'Edward Zwick (ÉU, 2h22) avec Leonardo Di Caprio, Djimon Hounsou, Jennifer Connelly...


Empoigner la question des enfants-soldats et du trafic international de diamants provoquant la guerre civile en Sierra Leone est une preuve de courage, surtout quand cette question s'inscrit dans un blockbuster d'aventures. Blood diamond fait à ce niveau-là un véritable effort de pédagogie, auquel s'ajoute une autre audace : transformer la star Di Caprio en personnage vraiment antipathique, mercenaire africain blanc faisant fortune sur les cadavres des noirs réduits en esclavage. Probablement intimidé par de tels écarts à la doxa hollywoodienne, Edward Zwick s'empresse cependant de noyer son sujet brûlant dans une eau froide de poncifs qui, eux, sont tout à fait conformes au plus formaté des produits de studio. À commencer par Jennifer Connelly, actrice qu'on adore pour plein de raisons, mais dont le personnage n'apporte à Blood diamond qu'une dose de sentimentalisme et de bonne conscience (la reporter engagée qui veut soulever le scandale et dont l'anti-héros tombe évidemment amoureux, sauvant son âme au passage !). Mais la véritable trame dramatique du film est tout aussi balourde : l'esclave noir qui s'évade des mines de diamants et ne pense qu'à retrouver sa famille et sortir son fils des griffes de sauvages rebelles qui écoutent du rap (!) et qui l'ont transformé en soldat de fortune, conduit à des déluges de pathos larmoyant soulignés par une musique «émotionnelle». La preuve que si le cinéma américain a su se repolitiser ces dernières années, certains producteurs rusés ont vite récupéré la tendance pour faire fonctionner leurs machines à sous !CC


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