Le Dictionnaire Snob du Rock

DAVID KAMP & STEVEN DALY / Éditions Scali


Tout amateur occasionnel de rock ignore absolument pourquoi, si l'on aime les Beach Boys, il convient de détester l'ignoble Mike Love, prend Jack Nitzsche pour un philosophe allemand et Stockhausen pour l'auteur, avec son compère Waterman, des tubes 80's de Rick Astley. Alors forcément, dans les soirées Plastic People ou sur le forum des Inrocks, il passe un peu pour une tache. Plus pour longtemps, grâce à ce Dictionnaire snob du Rock. Loin d'être exhaustif sur l'histoire du rock (pour cela il y a le Dictionnaire du rock tout court, indispensable si on a deux ans à tuer et une bonne loupe), ce lexique recense les éternelles marottes de ce qu'il nomme, avec un rien de condescendance, les rockologues. Autrement dit, ces érudits rock (vieux garçons maniaques ou journalistes, souvent les deux) qui cultivent l'élitisme comme un carré de patates en temps de guerre et n'ont de cesse de disserter sur les dessous cachés de l'Histoire, portant au pinacle les albums et artistes oubliés par la postérité, cette pute amnésique. Losers magnifiques fauchés en plein anonymat (Nick Drake, Dennis Wilson), hommes de l'ombre (Andrew Loog Oldham, Mick Ronson), chefs d'œuvres obscurs, palmarès des meilleurs «5e Beatles» potentiels ou genres musicaux les plus improbables y sont décrits et définis avec précision mais aussi avec force ironie et un relativisme salvateur. Bref le rockologue en herbe y apprendra beaucoup de choses, la première, la plus importante, étant de la fermer de temps à autres, histoire qu'on entende un peu la musique. SD


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VINCENTE MINELLI