PETRA JEAN PHILLIPSON

Notes on : Love (Grönland/Differ-ant)


D'abord, il y a ce nom, Petra Jean Phillipson, tout droit sorti d'un saloon délabré ou d'un calendrier de pin-up des années 50. Ce visage spectral, tombé d'un album photo de la conquête de l'Ouest (ok, il va peut-être falloir se désintoxiquer de la série Deadwood). Et surtout, cette voix qui caresse l'au-delà : quelque chose de Billie Holiday, des tourments western de Paula Frazer ou de la veuve noire Hope Sandoval (ex-Mazzy Star). Car cette Petra Jean, on l'imagine sans mal empoisonner ses amants après les avoir enivrés de son chant capiteux, au rythme de cette contrebasse maltée qui gronde au loin. L'instant d'après, pourtant, on la découvre aussi fragile que l'Isabella Rossellini de Blue Velvet, petite fille perdue qu'on avait prise pour une femme fatale. Mais ce sont toujours les petites filles perdues qui finissent par vous enterrer dans le désert, non ? Le désert, l'épure, le dénuement, voilà justement ce qui ressort de cet album qui ne regorge que d'une chose : un folk-jazz à l'eau-forte qui ne semble jamais devoir trouver le Salut, condamné à hanter les recoins interlopes de l'Ouest américain. Sauf que, devinez quoi, la demoiselle n'est pas américaine mais tout ce qu'il y a de plus british. Quand, du fond de sa cabane canadienne, Mac Luhan inventa le concept de Village Global, il ne se doutait sûrement pas qu'une Anglaise du nom de Petra Jean le changerait un jour en ville fantôme. SD


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Daratt