SQUAREPUSHER

Hello everything (Warp/Discograph)


La sortie de ce nouvel album de Squarepusher a quelque chose d'un non-événement, double conséquence de l'assèchement du courant électro et de la prolixité de son auteur, Tom Jenkinson. Pourtant, Ultravisitor en 2004, disque essentiellement enregistré en live, contenait des morceaux incomparables et figurait une sorte d'aboutissement du style Squarepusher, alliance de breakbeats et de l'influence prégnante du jazz-rock. Hello everything est comme l'écho serein de cette acmé fiévreuse : les bases électroniques des morceaux sont complétées par des mélodies à la guitare et une batterie en retrait, mais dans une harmonie parfaite. Jusqu'ici, ce genre de tentatives menaient Jenkinson vers la mélancolie ; ici, cela le conduit vers une surprenante légèreté, comme si la reconnaissance que lui a offert Sofia Coppola (dans les BO de Lost in translation et Marie-Antoinette) lui avait donné confiance et l'avait poussée à opter pour une musique plus ouatée et aérienne. Jenkinson impose alors un son, une patte et une approche complètement singulières et se permet même l'audace de couper l'album en deux : une étrange méditation centrale (Vacuum garden) sépare ainsi les premiers morceaux, courts et sautillants, de ceux de la fin, plus heurtés et frénétiques. Bref, on n'avait jamais connu Squarepusher si aventureux, sincère et accompli que sur ce petit événement qu'est en définitive Hello everything.CC


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