Motofumi Kobayashi

Cat Shit One - 2 volumes parus Glénat


OK, le concept de base de Cat Shit One a, convenons-on, largement de quoi en laisser plus d'un sceptique : un manga consacré à la guerre du Viêt-Nam, dont les protagonistes principaux prennent l'apparence de lapins kawaï tout plein, avec longues oreilles et petits yeux brillants, ça a effectivement de quoi désarçonner au premier abord. Pourtant, dès les premières pages, on comprend rapidement que l'auteur ne prend pas pour autant son sujet à la légère, bien au contraire : notes de bas de page, résumés historiques, encadrés… Tournant le dos à une approche psychologique déjà maintes fois traitée, Kobayashi privilégie un traitement documentaire à la fois historique et stratégique d'une redoutable précision, bien loin de la fiction pour ados. En suivant le parcours d'une unité de roadrunners (patrouille de reconnaissance en territoire ennemi) composée à la fois de GIs et d'enrôlés sud-vietnamiens, dont chacune des missions correspond à un chapitre distinct, il donne en effet un aperçu inédit de son sujet, tout en maintenant, de par la brièveté de chacune des missions, un suspens franchement haletant. Mieux, en suivant nos léporidés en permission à Saigon, où en s'intéressant au sort d'un dirigeant vietminh en fin de parcours, il élargit d'autant son propos, pour livrer au final une passionnante fiction documentaire à l'originalité fracassante. DG


<< article précédent
Renaud De Heyn