JEANNE BALIBAR

Slalom dame / Naïve


Quel est le point commun entre le footballeur Vikash Dhorasoo, le cinéaste porno John B. Root et l'actrice Jeanne Balibar ? Réponse : le dénommé Fred Poulet, qui met une caméra entre les mains de Dhorasoo pendant la coupe du monde, chante parfois sur les films de John B. Root et compose la majeure partie de ce nouveau disque signé Balibar. Qui s'avère une très bonne surprise, surtout si on le compare avec son premier essai... Poulet a réussi à introduire une forme de distance qui vient dérider l'actrice et lui offre un rôle de composition autrement plus pertinent que celui, caricatural, tenu sur l'album précédent. De l'inaugural Rien et ses paroles à l'absurde assumé, jusqu'au rigolo Sex & vegetables au franglais cocasse, Poulet s'avère ici particulièrement inspiré. Coup double, car cette autodérision vient souligner l'évidence : Balibar est une chanteuse à la voix fascinante et suggestive. D'autres auteurs se mettent au service de la belle, certains avec bonheur (Dominique A. pour deux morceaux où il n'a pas à forcer son talent : L'Irréparable, comme une chute de son dernier album, et Néologie, comme un inédit de celui de Françoiz Breut...), d'autres enfoncent un peu le clou de la Balibar froide comme la banquise (le tandem Alferi/Burger par deux fois...). Mais le plus beau paradoxe du disque se trouve dans son morceau bonus, où la diction rythmique de Jeanne Balibar, l'insistante ligne de basse, les violons et les guitares évoquent Bardot chantant Gainsbourg, ce qui n'est pas sans piquant, tant sur un écran leurs jeux sont d'une radicale antinomie ! Mais la musique réussit parfois de ces miracles...CC


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